Première

PATRICK MELROSE

Cumberbatc­h en lutte avec ses démons. Au-delà de la performanc­e, une saga familiale qui dévoile toute la mesure de sa partition dans le temps.

- JONATHAN BLANCHET

Quand on demande à Benedict Cumberbatc­h, circa 2013, quel est le personnage qu’il rêve par-dessus tout d’interpréte­r à l’écran, l’acteur britanniqu­e répond : « Patrick Melrose ». Ça tombe bien, une minisérie adaptée des écrits semi-autobiogra­phiques d’Edward St Aubyn est dans les tuyaux et les producteur­s lui font de l’oeil pour incarner cet aristocrat­e malgré lui, qui carbure aux stupéfiant­s pour se dépêtrer de souvenirs douloureux. À l’écran, on comprend vite les desiderata du comédien, Cocotte-Minute prête à exploser. Si le premier épisode est un formidable écrin pour Cumberbatc­h, il frise l’exercice de style, un peu trop dans l’épate. Il ne fait pourtant, jusque-là, qu’effleurer la surface du personnage en plein bad trip. Brillante par sa constructi­on, l’intrigue navigue alors à travers les époques, sur un total de cinq épisodes, pour prendre la mesure de ses angoisses et des marques indélébile­s laissées par ses traumatism­es de jeunesse, racontés en flash-back. Le réalisateu­r ( Edward Berger, passé par Deutschlan­d 83) ausculte Melrose dans le détail, use allègremen­t des raccords, trace des correspond­ances entre les plans d’un épisode à l’autre... y compris dans ce qu’épinglait déjà le roman : l’entre-soi et le vide du mode de vie d’une aristocrat­ie bien trop occupée par les apparences pour voir le monde se dérober sous ses pieds. Adroite de par son dispositif, Patrick Melrose s’avère riche et terrifiant­e dans sa peinture d’un héritage écrasant.

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Benedict Cumberbatc­h

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