L’ADIEU À LA NUIT
André Téchiné signe un drame trop mécanique sur un homme radicalisé. La présence de Catherine Deneuve ne suffit pas à sauver les meubles.
Qu’est-ce qui relie et délie des individus entre eux ? C’est une question qui taraude André Téchiné depuis ses débuts. Le contexte aide parfois à précipiter les choses (la guerre d’Algérie, la Seconde Guerre mondiale, les années sida, un fait divers...), mais c’est l’humain et ses mystères qui tiennent la caméra du cinéaste en alerte. Dans cet Adieu à la nuit, tout y est et pourtant rien ne va vraiment. Un peu comme dans son précédent long métrage, Nos années folles, où la force du sujet se retrouvait diluée par un scénario inefficace à force de retenue. Ici, une grand-mère (Catherine Deneuve) propriétaire d’une ferme dans le Sud de la France voit son petit-fils (Kacey Mottet Klein) revenir provisoirement au bercail avant un départ pour le Canada. Du moins le croit-on, car le jeune homme converti à l’islam s’est en réalité radicalisé et veut partir en Syrie avec sa fiancée (Oulaya Amamra). Là où, sur un sujet similaire, Thomas Bidegain et ses Cowboys parvenaient, avec un sens du récit proche de l’épopée, à ausculter les fêlures affectives qu’engendre la disparition progressive d’un être cher enfermé dans son propre aveuglement, André Téchiné ne sait pas très bien quoi montrer, ni raconter. Ainsi, quand la mamie retient physiquement prisonnier son petit-fils dans son haras pour tenter de le raisonner, ce qui devrait être une séquence puissante prend des allures de mauvais téléfilm où, à force de tout surligner et dramatiser, les choses se dévitalisent. Une déception à la hauteur de notre admiration pour le cinéma d’André Téchiné.
ALLEZ-Y SI VOUS AVEZ AIMÉ LesCowboys (2015), MadeinFrance (2013), Nocturama (2016) Pays France • De André Téchiné • Avec Catherine Deneuve, Kacey Mottet Klein, Oulaya Amamra… • Durée 1 h 43