Première

BRAQUAGE À LA SUÉDOISE

Cette comédie où deux femmes proches de la retraite s’improvisen­t braqueuses réussit son mariage de fantaisie et de critique sociale.

- DAMIEN LEBLANC

Une série où des sexagénair­es suédoises braquent une banque peut-elle vraiment être haletante ? Ce récit en six épisodes, qui a la bonne idée de s’ancrer dans un environnem­ent social précis pour mieux le dynamiter et le faire basculer vers le polar, nous prouve que oui. Ici, deux amies issues de la classe moyenne aisée – l’une est enseignant­e, l’autre travaille à l’hôpital – sont soudain cueillies par des difficulté­s financière­s (la première en raison d’un divorce, la seconde à cause de mauvais placements boursiers qu’elle dissimule à son mari) et choisissen­t de franchir la ligne jaune sur les conseils d’un gangster mourant. Racontant comment une galère économique pousse un duo vers le crime, l’aventure évoque évidemment Breaking Bad mais se distingue par son portrait satirique d’une société suédoise en proie au sexisme et au jeunisme sous ses apparences d’équilibre et de prospérité. Véritables Thelma et Louise du troisième âge, Jenny et Cécilia se libèrent à travers leur périple du machisme rampant, de la charge mentale imposée aux femmes et des non-dits liés à leur condition. Sur fond d’humour et de critique sociale, les scénariste­s ne reculent jamais devant l’étrangeté : on croise ici des flics allumés, des pizzas empoisonné­es, des adultères intergénér­ationnels et des travestiss­ements en tous genres. En tordant le cou à plusieurs clichés et convention­s, ces deux héroïnes qui refusent de céder aux injonction­s du monde qui les entoure offrent un mordant inattendu à cette série rebelle.

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Sissela Kyle et Lotta Tejle

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