BRAQUAGE À LA SUÉDOISE
Cette comédie où deux femmes proches de la retraite s’improvisent braqueuses réussit son mariage de fantaisie et de critique sociale.
Une série où des sexagénaires suédoises braquent une banque peut-elle vraiment être haletante ? Ce récit en six épisodes, qui a la bonne idée de s’ancrer dans un environnement social précis pour mieux le dynamiter et le faire basculer vers le polar, nous prouve que oui. Ici, deux amies issues de la classe moyenne aisée – l’une est enseignante, l’autre travaille à l’hôpital – sont soudain cueillies par des difficultés financières (la première en raison d’un divorce, la seconde à cause de mauvais placements boursiers qu’elle dissimule à son mari) et choisissent de franchir la ligne jaune sur les conseils d’un gangster mourant. Racontant comment une galère économique pousse un duo vers le crime, l’aventure évoque évidemment Breaking Bad mais se distingue par son portrait satirique d’une société suédoise en proie au sexisme et au jeunisme sous ses apparences d’équilibre et de prospérité. Véritables Thelma et Louise du troisième âge, Jenny et Cécilia se libèrent à travers leur périple du machisme rampant, de la charge mentale imposée aux femmes et des non-dits liés à leur condition. Sur fond d’humour et de critique sociale, les scénaristes ne reculent jamais devant l’étrangeté : on croise ici des flics allumés, des pizzas empoisonnées, des adultères intergénérationnels et des travestissements en tous genres. En tordant le cou à plusieurs clichés et conventions, ces deux héroïnes qui refusent de céder aux injonctions du monde qui les entoure offrent un mordant inattendu à cette série rebelle.