FÉTICHE GÉNÉRATION
Du ciné, du manga, des séries, du jeu vidéo… petit tour d’horizon des icônes de la nouvelle génération. Mais saurez-vous les reconnaître ?
Joker
À chaque époque son Joker. Criminel pop art (l’école Jack Nicholson), génie du mal post-Ben Laden (la tendance Heath Ledger), le bouffon de Gotham s’est réincarné sous les traits de Joaquin Phoenix en loner sociopathe humilié par une société inique. Un mythe portemanteau sur lequel on peut accrocher à peu près toutes les significations. Glorification des incels ? Allégorie des Gilets jaunes ? Apologie de l’Obamacare ? Le besoin irrépressible des (vieux) éditorialistes de disserter sur lui prouve bien qu’Arthur Fleck est le Alex DeLarge
(Orange mécanique) d’aujourd’hui.
La Casa de papel
Les braqueurs des 90s (Point Break) se déguisaient en Reagan et Nixon, ceux des années 2010 (La Casa de papel) ont choisi Salvador Dalí. Et c’est ainsi que le visage stylisé du surréaliste moustachu est devenu un must des soirées Halloween, doublé d’un petit frère des Anonymous dans les manifs antisystème. Un symbole globalisé (merci Netflix), comme le soulignent les noms des héros de la série, de Lisbonne à Rio, de Berlin à Nairobi.
One Piece
Si vous résumez le manga à Dragon Ball, c’est que vous êtes vraiment trop vieux : One Piece, publié depuis 1997, est le manga le plus vendu au monde. Un véritable exploit : le magnum opus d’Eiichiro Oda traite moins de la montée en puissance de ses protagonistes que de la rencontre avec une galerie de héros, de monstres et de méchants tous plus délirants les uns que les autres. Le logo de la série – un Jolly Roger avec un chapeau de paille – est devenu une icône reconnaissable sur toute la planète.
Link
Totem transgénérationnel : les parents jouaient à The Legend of Zelda depuis la sortie du premier jeu sur NES (en 1987, en France). Devenu depuis l’un des symboles de Nintendo, à égalité avec Mario et Pikachu, Link et son univers de fantasy a su se décliner sur tous les tons, du plus réaliste (Twilight Princess) au plus cartoon (Wind Waker). Dernier style en date : le reboot de Link’s Awakening en version kawaii. Link, ou le lien ultime avec le passé.
League of Legends
Quelque part entre le jeu de rôles et le jeu de stratégie en temps réel,
League of Legends ne cesse de muter au fil des mises à jour depuis son lancement en 2009. Hyper addictif mais pas franchement révolutionnaire, il est pourtant devenu iconique grâce à l’e-sport, qu’il domine largement.
LOL se vit surtout en direct sur Twitch et YouTube, où sont retransmis des championnats mondiaux dignes du Super Bowl. Des compétitions d’où les meilleurs repartent avec des gains de plusieurs dizaines de millions de dollars.
De quoi faire rêver les ados qui aimeraient atteindre le niveau de leurs stars… et leurs rémunérations.
Fortnite Battle Royale
L’idée est toute bête : cent joueurs s’affrontent armes en main sur une carte, et le dernier encore en vie sera le gagnant. Mais le coup de génie d’Epic Games résidait dans son modèle économique semi-gratuit, qui l’a rendu accessible à tous. Dès lors, le jeu a attiré massivement et est devenu un formidable lieu de socialisation, sorte d’extension de la cour de récré où l’on cause avec ses potes et où l’on se mesure les uns aux autres, bercés par des mises à jour sérialisées. Une deuxième vie, parallèle à la vraie et plus compétitive. Mais pas moins importante.
Spider-Man : New Generation
Totem pop aussi puissant que poussiéreux, Spider-Man n’a cessé, pendant près de soixante ans, de dérouler tranquillement sa formule magique, si parfaite qu’on commençait à penser qu’elle ne pourrait jamais être modifiée. Armé d’une animation redoutablement novatrice et d’un rythme insensé, Spider-Man : New Generation remettait pourtant les compteurs à zéro sur le plan technique et sociologique (Miles Morales, nouveau Spidey métissé). Une icône renaissait et Spider-Man redevenait un générateur infini de fantasmes adolescents. Les gamins en reprendront bien pour soixante ans.