Aux intellos (depuis 1986)
Trois ans après sa mort, Louis de Funès se retrouve au Festival d’Avignon. Dans la bouche du très sérieux André Marcon, on entend : « Louis de Funès était au théâtre un acteur doué d’une force extraordinaire, un danseur fulgurant qui semblait aller au-delà de ses forces, excéder la demande et donner au public dix fois plus que les figures attendues, tout en restant parfaitement économe de son effort et toujours prêt à recommencer. Un athlète de la dépense. » Cette présence au coeur d’un des hauts lieux de la création artistique de l’acteur comique populaire, méprisé par une certaine intelligentsia toute sa vie durant, on la doit à l’auteur de théâtre Valère Novarina. Son texte, Pour Louis de Funès, sonne comme un éloge à l’art de l’acteur, où il prête au comédien des paroles imaginaires, mais aussi comme une réhabilitation de celui qui l’a tant impressionné sur scène. Ce texte a marqué un tournant dans la compréhension du talent de de Funès et ouvert la voie à d’autres admirateurs qui jusqu’ici se taisaient. En 1987, Jean-Luc Godard a fait lire un court extrait du texte à Jacques Villeret dans Soigne ta droite, et Christine Pascal a remis ces propos dans la bouche d’André Marcon dans Zanzibar en 1989. D’autres auteurs, comme Michel Houellebecq et Benoît Duteurtre, ont clamé haut et fort leur admiration pour l’acteur. Valère Novarina, lui, a fait de de Funès son double dans Demeure fragile, en 2002, un texte quasi métaphysique sur l’espace.