Première

DÉCRYPTAGE

Avec le nouveau Mulan, la réalisatri­ce Niki Caro (Paï, l’élue d’un peuple nouveau) ambitionne de faire un grand film d’arts martiaux épique et familial. Adoubée par Disney, elle nous explique sa stratégie.

- PAR SYLVESTRE PICARD

Mulan de Niki Caro

La vision parfaite

« J’avais déjà travaillé pour Disney, sur ce film avec Kevin Costner, McFarland, USA. Mulan est une histoire chinoise et McFarland se déroulait dans une communauté américano-mexicaine en Californie. Disney me savait capable d’appréhende­r des cultures qui ne sont pas les miennes. On avait confiance en moi pour gérer les « impératifs culturels », disons... Le studio s’est aussi révélé très intéressé par la vision globale que j’avais de Mulan. Quelle était-elle précisémen­t ? De faire honneur à la légende originale, qui remonte au moins au Xe siècle. Je voulais mettre à jour l’histoire pour qu’elle soit très réelle, très cinématogr­aphique. Et surtout, je souhaitais faire un énorme film d’action qui soit aussi émouvant... »

La bataille parfaite

« C’est difficile de faire un film de guerre réaliste dans une production Disney, car vous ne pouvez tout simplement pas montrer de la violence explicite. Pour que les batailles soient réellement épiques et impression­nantes, nous avons tourné dans une vallée géothermiq­ue dont nous pouvions utiliser les vapeurs afin de cacher ou de dévoiler les combattant­s à loisir. On reste dans la guerre et la violence, mais ce n’est pas Game of Thrones. On ne peut pas faire ça chez Disney – on ne doit pas faire ça. »

La femme parfaite

« C’était une des conditions de notre casting pour le personnage de Mulan : il fallait une actrice très forte, capable d’assurer les mouvements d’arts martiaux. Par ailleurs, pour la scène où Mulan, déguisée en homme, se déshabille pour aller se baigner dans un lac en cachette, je ne voulais pas qu’on voit des épaules délicates, féminines. Un entraîneur nous a durement coachées, Liu Yifei et moi. J’ai dû faire pas mal de pompes, croyez-moi, et tous les jours ! Je mettais un point d’honneur à être au niveau moi aussi. »

Le plan parfait

« Mon plan préféré du film est le moment où Mulan dégaine pour la première fois l’épée de son père, la fait siffler, et puis la pointe vers la caméra. Une chose extraordin­aire s’est produite : son visage s’est reflété l’espace d’une seconde sur la lame... je me suis dit : « OK, on vient de voir de la magie pure, là. » Je ne veux pas trop m’en attribuer le mérite, qui provient réellement de la performanc­e de Liu Yifei, de ses compétence­s en arts martiaux. On cherchait le réalisme à tout prix, c’est pourquoi on a essayé de se passer au maximum des câbles. C’est la différence essentiell­e entre Mulan et Tigre et Dragon. »

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