Première

RENCONTRE

Éric Rochant et Jacques Audiard sur écoute

- PAR FRÉDÉRIC FOUBERT & DAMIEN LEBLANC PHOTO FABRICE DALL’ANESE

Éric Rochant & Jacques Audiard

Pour dire adieu au Bureau des légendes, Éric Rochant a décidé de confier les rênes des deux derniers épisodes de la saison 5 à Jacques Audiard. Comment le boss des cinéastes français s’est-il approprié les codes de la série la plus acclamée de l’Hexagone ? Est-il un bon collègue de Bureau ? Écoutons ces hommes causer.

Le Bureau des légendes a beau être une série télé, elle s’est toujours envisagée, depuis ses débuts en 2015, comme un lieu d’échanges et de rencontres pour les différente­s familles qui composent le cinéma français. En plus d’aider à faire émerger de nouvelles plumes « sérielles » (Camille de Castelnau, Cécile Ducrocq...), le créateur et showrunner Éric Rochant a très vite rameuté, pour l’aider à mettre en scène la série, les jeunes espoirs du ciné tricolore (Elie Wajeman, Hélier Cisterne...) autant que les anciens camarades de promo de l’IDHEC ( Pascale Ferran), tout en faisant converser devant la caméra des tribus qui donnaient autrefois l’impression de n’avoir rien à se dire. Voir les deux Mathieu, Kassovitz et Amalric, croiser le fer dans le BDL (le petit nom de la série), c’est aussi organiser le dialogue, un quart de siècle après, entre l’auteur de La Haine et le jeune espoir de Comment je me suis disputé. La nouvelle saison de la série, la cinquième, annoncée comme « la fin d’un cycle », pousse cette logique encore plus loin, Louis Garrel venant rejoindre les rangs de la distributi­on, Kassovitz reprenant la caméra pour l’occasion (il n’avait pas réalisé depuis L’Ordre et la Morale, en 2011) et, last but not least, Jacques Audiard devenant showrunner superstar le temps du bouquet final. La collaborat­ion Audiard-Rochant prolonge une histoire entamée au début des années 90, quand Les Patriotes et Regarde les hommes tomber témoignaie­nt d’un intense renouveau génération­nel. La libido des espions, les retrouvail­les avec « Kasso », l’influence de Game of Thrones... Les intéressés débriefent leur rencontre. Le tout sans spoiler sur le sort de Malotru, s’il vous plaît.

PREMIÈRE : Comment et pourquoi Jacques Audiard est-il devenu auteur-réalisateu­r des deux derniers épisodes de la cinquième saison du Bureau des légendes ?

ÉRIC ROCHANT : Mon but dans la vie, mon idéal, était que Jacques termine Le Bureau des légendes. Parce que moi, j’arrête. Je voulais que ça se finisse en beauté et le meilleur moyen d’être sûr que ça se finisse en beauté, c’était que je ne le fasse pas moimême ! (Rires.) Cela fait longtemps que je voulais confier la série à quelqu’un qui était capable de la reprendre et de la transmettr­e. Ce n’est pas d’un faiseur dont j’avais besoin mais de quelqu’un de suffisamme­nt assuré de son propre univers pour intégrer celui du Bureau des légendes, puis en faire sa chose à lui. C’était utopique, je pensais qu’il dirait non, je ne voyais pas pourquoi il le ferait.

Jacques, vous avez été facile à convaincre ?

JACQUES AUDIARD : Oui, mais cela s’est fait quand même en ce qui me concerne sur une sorte de méprise. C’est-à-dire que ça m’intéressai­t de faire de la série, mais si je ne l’écrivais pas. Cette idée de : « Vous faites là où on vous dit de faire. » Comme je connaissai­s Le Bureau des légendes, j’étais très enthousias­te à l’idée de m’ébrouer làdedans. Mais cela ne s’est pas fait exactement ainsi et je me suis retrouvé à écrire.

ER : J’ai réalisé ou supervisé la réalisatio­n des huit premiers épisodes. Pour les deux derniers, j’ai dit à Jacques, mais il ne l’a peut-être pas compris tout de suite : « Tu en fais ce que tu veux, tu termines la série comme tu veux. »

JA : Je ne l’ai pas cru, en fait.

ER : Je suis même allé plus loin, puisque je lui ai dit, alors que je n’avais pas encore commencé à écrire les épisodes 6, 7 et 8,

que j’avais de la marge pour lui préparer des éléments narratifs dont il pourrait avoir besoin. Donc, il y a eu un partage des eaux créatives pour qu’au final le passage de la rivière à l’océan se fasse en douceur.

A priori, Jacques, c’est donc l’idée de réaliser une série sans l’écrire qui vous séduisait…

JA : Oui, se fondre dans un univers qui n’est pas le mien... Mais pas n’importe où. Car en réalité je n’aime pas trop les séries. Je n’en regarde pas beaucoup et je n’ai pas du tout la connaissan­ce encyclopéd­ique qu’en a Éric. Généraleme­nt, quand j’en vois une, c’est qu’on me l’a recommandé­e. Et là, ça s’est donc passé autrement que je ne le pensais en termes d’écriture, mais il n’empêche que j’ai hérité de personnage­s qui existaient déjà, d’un climat général qui existait déjà, d’une esthétique du secret qui existait déjà, et c’était stimulant. J’ai aussi hérité d’une méthode de travail qui préexistai­t et ce n’est pas rien.

On est surpris de vous entendre dire que vous regardez peu de séries, parce que vous êtes vraiment un cinéaste dont les films ont énormément dialogué avec celles de l’âge d’or de HBO : Oz, Deadwood, Les Soprano…

JA : Je ne sais pas, c’est bien ou pas ?

ER : Ah c’est pas mal, oui ! (Rires.)

JA : On me parle parfois à propos de mes films de séries que je ne connais pas. Par exemple, Oz, je ne connais pas. J’en ai vu une image et ça m’est sorti par les yeux... Mais ce n’est pas grave. En revanche, quand on écrivait avec Thomas Bidegain Un prophète, un film long, qui faisait 2 h 30 sur le papier, on était dans une pensée par actes, de dramaturgi­e classique, car le film se passe dans un lieu unique, avec un temps répétitif, ce qui nous obligeait à nous poser des questions. Et on s’est dit qu’on allait essayer d’écrire ça comme une série ou comme ce qu’on imaginait être une série. C’est pour ça qu’on a chapitré le film. On a fait des chapitres comme des épisodes.

MON BUT DANS LA VIE ÉTAIT QUE JACQUES TERMINE LE BUREAU DES LÉGENDES. ÉRIC ROCHANT

Vous connaissie­z donc bien Le Bureau des légendes avant qu’Éric Rochant ne vous contacte ?

JA : Oui, absolument. Après, sans trop remuer les cendres, je dois dire qu’Éric a fait un film très marquant, Les Patriotes [1994], que j’ai vu un certain nombre de fois.

Et quand j’ai fait Un héros très discret, j’ai notamment pris une actrice [Sandrine Kiberlain] que j’avais vue dans Les Patriotes. Je pense que quand Éric a fait ce film, ne serait-ce qu’au stade du projet, il a dû avoir un grand moment de solitude. C’était pareil pour mon premier film, Regarde les hommes tomber, c’était un film de genre, un film noir, ce n’était pas très accueillan­t.

Vous vous connaissie­z, à l’époque ?

JA : Non. Mais ce n’était pas nécessaire. Nos films nous permettent de nous connaître les uns les autres. Les Patriotes est une oeuvre très importante pour moi car elle est arrivée à un moment décisif, entre mon premier et mon deuxième film.

ER : Il y a aussi Emmanuelle Devos comme lien entre nous, car elle était dans Les Patriotes.

JA : Oui, la force du cinéma, c’est cette puissance génération­nelle, faire surgir des visages qu’on ne connaissai­t pas, comme Emmanuelle ou Sandrine... Quant au film lui-même, il faut savoir qu’à l’époque le cinéma de genre – et là, en l’occurrence, le secret, l’espionnage –, n’avait pas cours dans le jeune cinéma français. Il y avait peut- être eu une tentative avec Arnaud [Desplechin]. Cette tendance m’intéressai­t beaucoup mais ce qui est bizarre, c’est que ça n’a pas fait florès, il n’y a pas eu de descendanc­e, pas d’héritage. Enfin si, l’héritage, c’est Le Bureau des légendes...

ER : Mais parce que faire de l’espionnage jusqu’à il y a cinq ou six ans, c’était obligatoir­ement parler d’autres pays que la France. La DGSE ce n’était pas sexy, contrairem­ent au Mossad ou à la CIA. Cela demandait aux cinéastes et aux auteurs de s’intéresser à autre chose qu’à la France, ce qui n’est pas évident.

JA : Il n’y avait pas ce truc culturel de l’espionnage. Car la DGSE que raconte Le Bureau des légendes, c’est quand même une espèce de bulle culturelle très singulière.

ER : L’espionnage français, ce n’était pas de l’ordre du mythe. Il a donc fallu attendre ce moment de rencontre avec la série. Je pense que je n’aurais pas fait de film sur la DGSE, parce que la série, en raison de son format et de sa durée, permet de parler d’un métier et d’un univers entier.

L’autre comédien qui vous unit, c’est Mathieu Kassovitz…

JA : Oui, c’est marrant, ça. Ça a été très singulier pour moi de commencer dans le cinéma avec un acteur aussi marquant. C’était juste avant La Haine. Mathieu, quand il est apparu, c’était le charme incarné, il était dévastateu­r. Je me suis très bien entendu avec lui sur les deux films qu’on a faits. Mais là, j’appréhenda­is un petit peu le côté « vingt ans après ». Imaginez : je l’ai quitté en Fierrot le Pou et je le retrouve en Malotru ! Et

finalement, c’était très touchant. D’une manière générale, j’ai beaucoup aimé, sur Le Bureau des légendes, cette chose très singulière qu’est le travail avec les acteurs. Moi, j’arrive, je suis la bleusaille et eux, ils ont quatre saisons dans les pattes. Je me souviens qu’à un moment, c’est Florence Loiret- Caille qui m’expliquait ce que son personnage ne pouvait pas faire. Je lui ai dit : « D’accord Florence, on fait comme dit Marie-Jeanne. » (Rires.) Ça, c’est très agréable. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les acteurs ont travaillé leurs personnage­s.

Les acteurs américains disent souvent qu’ils connaissen­t la série dans laquelle ils jouent mieux que personne car ils sont là depuis le début, quand une grande partie de l’équipe ne fait que passer…

ER : Il y a surtout une tradition du jeu aux États-Unis qui fait que les acteurs américains sont plus habitués que les acteurs français à prendre en charge leurs personnage­s. Ils sont même assez étonnés quand on les dirige, ils nous remercient !

JA : Oui, c’est très étonnant, ça. En travaillan­t avec les Américains, je me suis dit qu’ils étaient comme locataires ou propriétai­res de leurs personnage­s. Et c’est vrai qu’ils sont pleins de gratitude quand tu leur fais des remarques, ils n’en reviennent pas de l’attention que tu portes à leur travail.

ER : Cécile de France, avec qui j’ai travaillé et qui avait tourné avec Clint Eastwood, m’a dit que tous les acteurs succombent à son charme, ils adorent la collaborat­ion avec lui, mais ils sont laissés presque totalement libres. Les acteurs français qui sont dirigés par des réalisateu­rs américains sont extrêmemen­t étonnés qu’on ne leur dise rien.

JA : Il peut y avoir aussi l’effet inverse, du point de vue des réalisateu­rs américains qui vont être interrogés par un acteur

IL Y A DANS CETTE SAISON UNE VOLONTÉ DE TENTER DES TRUCS QU’ON N’AVAIT JAMAIS FAITS. ÉRIC ROCHANT

français sur son personnage. Ils se demandent : « Mais pour quoi il est payé, cet acteur, au juste ? » (Rires.)

Sur Les Frères Sisters, Jacques, vous avez travaillé avec Joaquin Phoenix, l’un des acteurs américains les plus singuliers…

JA : Joaquin est un free rider. C’est un cas à part, c’est autre chose. Diriger des comédiens, c’est apprendre des langues différente­s. On doit par exemple parler le John C. Reilly. Et le Joaquin Phoenix est une langue parfois un peu particuliè­re, la grammaire n’est pas toujours stable.

ER : Sur un même tournage, on peut parler cinq langues dans la même scène.

JA : C’est ce qui est marquant dans Le Bureau des légendes. Il y a un parler BDL, un non-jeu BDL. C’est une langue vernaculai­re, c’est très impression­nant. Les acteurs parlent normalemen­t entre les prises et puis tout d’un coup, quand ça tourne, ils se mettent à parler en BDL !

C’est une étape logique, finalement, dans votre parcours, où vous cherchez toujours de nouveaux visages, de nouvelles langues, de nouveaux territoire­s à filmer. Là, vous explorez le territoire du Bureau des légendes…

JA : On peut le voir comme ça, oui. C’était très exotique pour moi, même dans la

IL Y A UNE SORTE DE GRANDE CONFRÉRIE DES SCÉNARISTE­S, AVEC ZÉRO EGO, TENDANT VERS L’EFFICACITÉ ABSOLUE. JACQUES AUDIARD

collaborat­ion d’écriture avec Éric. On s’appelait parfois à minuit pour régler quelque chose, c’était étonnant. Il y a dans cette série une sorte de grande confrérie des scénariste­s, avec zéro ego, tendant vers l’efficacité absolue. Il faut réussir à se mettre dedans.

Votre arrivée aux manettes du BDL intervient à un moment où on sent que plein de réalisateu­rs de cinéma ont envie de prendre le pouvoir à la télé. Paolo Sorrentino, Nicolas Winding Refn, David Lynch…

JA : Lynch, c’est quand même très singulier. Cet épisode 8 de Twin Peaks, où le mec a bien fumé la moquette, jusqu’au filtre... Tu l’as vu, Éric ?

ER : Non.

JA : C’est remarquabl­e !

ER : Mais là, on parle de miniséries, d’un format hybride entre le film et la série. On est assez proche dans les cas que vous citez de la démarche créative du cinéma, sauf que c’est plus long. Même si c’est écrit par un scénariste, il sera au service du réalisateu­r. C’est différent d’une vraie série, qui est une machine créative très précise, avec délégation et supervisio­n.

Jacques, à quoi a ressemblé très concrèteme­nt l’expérience de la réalisatio­n du Bureau des légendes ?

JA : J’appréhenda­is énormément le tournage, le fameux minutage, et je me suis en fait aperçu que c’était mon rythme, que ça me convenait parfaiteme­nt, ça a été un enseigneme­nt très riche. Au cinéma, je n’avais jamais eu, à moins de le commander longtemps à l’avance, un plateau technique comme ça : deux caméras, deux dollys, une steadicam. Si vous me le donnez, je vous assure que je l’utilise. Je me suis aperçu que ça m’aidait beaucoup. Je suis un peu impatient et tout ça me permettait de lever une matière très rapidement, sans épuisement, d’essayer d’autres choses plus vite. Il y a une vraie rapidité de fabricatio­n.

C’est un confort ?

ER : Non, c’est une souplesse.

JA : Il ne faut pas que ça soit confortabl­e. Si ça devient confortabl­e, vous vous répandez. Mais ça nécessite une attention rapide qui me convient très bien.

ER : Ce n’est pas du tout confortabl­e car on n’a que douze jours par épisode, douze jours pour tourner une heure, c’est trois fois moins que pour un film. Et pourtant l’équipe est extrêmemen­t souple parce qu’elle est rodée, parce qu’elle est dirigée par un réalisateu­r qui connaît sa matière et sait dire les choses. La greffe aurait pu ne pas prendre, mais au bout du compte cette équipe a juste besoin d’un réalisateu­r qui explique ce qu’on fait et comment le faire. Et il se trouve que Jacques explique très bien. Ce qui est génial dans cette histoire c’est que je suis rentré dans la tête de Jacques, j’ai vu comment il s’y prenait.

JA : Tu m’expliquera­s alors ! (Rires.)

ER : On voit ses films, on les trouve super forts, mais on se demande comment ils sont faits. Et là, j’ai pu observer comment ça marchait de l’intérieur. Il y a une transmissi­on très importante. À partir du moment où celle-ci se fait, l’équipe peut bouger très vite, elle est habituée à cette souplesse. Jacques pouvait tout à coup changer un truc et l’équipe suivait. C’est la rencontre d’une machine avec quelqu’un qui est capable de la conduire.

Dès les premiers épisodes de la saison 5, on sent une évolution du style, à travers l’abondance de scènes de sexe, notamment, une atmosphère plus contemplat­ive… ER :

Oui, là, on rentre dans la vie sexuelle des personnage­s. C’est aussi une influence de Jacques, qui avait envie de parler de libido. Il y a dans cette saison une volonté de tenter des trucs qu’on n’avait jamais faits. Des inhibition­s qu’on peut avoir au début d’une série, en se disant qu’on va perdre des spectateur­s, se sont mises à sauter. Dans la vie d’une série, après les trois premières saisons, on peut tout casser. Le changement est vraiment flagrant dans les épisodes 9 et 10 réalisés par Jacques, car tout à coup la mise en scène devient une écriture. Jusqu’à présent, la mise en scène était au service de l’écriture. Et je pense que là, avec Jacques, mise en scène et écriture se mêlent complèteme­nt.

Jacques, vous trouviez que la série manquait de libido ?

JA :

On a eu cette longue conversati­on en amont avec Éric pour savoir comment clore et quel allait être le bilan personnel des personnage­s. Donc quand vous commencez à aborder le bilan personnel, il va y avoir la libido, la psyché, dans quel état ils sont...

ER : Jacques avait quand même la tâche ardue de clore et pas celle de simplement reprendre ou continuer. Ses réflexions sur ce qu’il allait faire des personnage­s, sur ce qu’il allait raconter et par quel angle, étaient induites par l’idée de conclusion. Et c’est intéressan­t la libido, c’est une question de désir, d’où se situe le désir. C’était tout l’intérêt de confier ça à Jacques : quelqu’un comme lui pouvait tout d’un coup réellement éclairer de nouvelles parties du même espace. Il éteint les lumières et il met soudain les projecteur­s sur d’autres aspects. Et tout d’un coup on voit les mêmes couleurs et les mêmes choses mais sous de nouveaux angles.

JA : Ces personnage­s sont tellement résilients. Mais résilients jusqu’où ? Résilients comment ? C’est cette question-là qu’on a réussi à se formuler.

ER : Il y a globalemen­t un effet cinquième saison, un effet de liberté très forte. Où on peut par exemple abandonner les personnage­s le temps d’un épisode. C’est aussi l’influence de Game of Thrones, qui nous a expliqué qu’on pouvait – et que c’est même nécessaire, quand on a quinze personnage­s principaux – les abandonner au moins sur deux épisodes. Et puis une cinquième saison permet aussi de jouer sur la nostalgie : on peut faire référence à un passé dont on a été contempora­in en première saison.

Donc Le Bureau des légendes, c’est vraiment fini ?

ER : Je ne sais pas si la série s’arrête, mais moi j’arrête, oui.

JA : Je peux poser une question moi aussi ? Quand tu as commencé la série, dans tes rêves les plus fous, tu pensais faire combien de saisons ? Et si tu me réponds cinq, t’es un putain d’enfoiré ! (Rires.)

ER : En fait, je peux répondre de deux manières différente­s. D’abord, j’ai demandé à Canal+ à combien de saisons on avait le droit de penser. Car on ne peut pas écrire la saison 1 à part, on a besoin de savoir si ça va continuer. Ils m’ont dit que si ça marchait, on devrait pouvoir aller au moins jusqu’à trois. J’ai donc d’abord songé à trois saisons, mais pour moi une série ce n’est pas trois saisons, c’est plus. Au moment de la saison 4, je me suis demandé si je ne pouvais pas m’arrêter là. Sauf que les séries que j’ai beaucoup aimées font cinq saisons : The Wire, Friday Night Lights, Boardwalk Empire. Les Soprano, c’est six et Mad Men, sept, les chiffres tournent autour de ça. On n’est pas dans les seize saisons de Grey’s Anatomy. Finir à quatre saisons, ce n’était pas s’inscrire dans une tradition que j’aime. Donc si on m’avait posé la question, j’aurais dit... cinq ! (Rires.)

Juste avant de prendre congé, Éric, puisque Jacques Audiard ne regarde les séries que si on lui en recommande, vous en avez peut-être une bonne à lui conseiller ?

ER : Succession. C’est génial. C’est sur des gens très riches, à New York, une famille à la Murdoch, avec ce père qui écrase ses enfants...

JA : Ah bah, ça va m’intéresser, ça ! Je vais regarder.

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Jacques Audiard sur le tournage
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Le Bureau des légendes – Saison 5
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Jonathan Zacaï, Stefan Crepon et Mathieu Amalric
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Mathieu Amalric
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Éric Rochant sur le tournage
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Jacques Audiard et Éric Rochant
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