Première

LA DARONNE

Huppert deale du shit et dit des gros mots. Sous la comédie funky : un portrait de femme doux-amer. Dommage que l’on reste entre les deux.

- FRÉDÉRIC FOUBERT

Attention, il y a une légère tromperie sur la marchandis­e : la bande-annonce de La Daronne fait mine de nous vendre une comédie décontract­ée à la Romain Gavras, façon Le Monde est à toi, avec Isabelle Huppert en dealeuse de shit toisant des cailleras en survêt et tout un tas de répliques formatées pour devenir cultes (« La galérance, elle est finie ! »). De loin, le film ressemble ainsi à un nouveau spécimen de cette « Zaza-sploitatio­n » qui fait fureur depuis le Elle de Paul Verhoeven. « Zaza-sploitatio­n » ? Mais si, vous savez, ces films qui jouent sur la nouvelle image sulfureuse et déglinguée de Isabelle « Zaza » Huppert. Depuis que le Hollandais Violent a rappelé au monde toute la hargne ironique que l’actrice sait mettre dans ces rôles de pétroleuse borderline, celle-ci privilégie les contre-emplois les plus baroques. Comme celui de cette interprète franco-arabe bossant pour la brigade des stups, et qui va se retrouver du jour au lendemain à la tête d’un immense trafic de drogue. Pourtant, Jean-Paul Salomé s’intéresse moins aux potentiali­tés rigolardes du stoner movie qu’au portrait doux-amer d’une femme qui rêve d’une autre existence, et espère secrètemen­t que son amant (qui se trouve aussi être le patron des stups) réussira à la démasquer. Il y a donc ici un autre film à l’intérieur du film, une romance hawksienne dont on fantasme ce qu’elle aurait pu donner entre les mains d’un Rappeneau ou d’un Salvadori. Mais Jean-Paul Salomé ne tranche jamais entre les deux pistes, qui restent chacune à l’état d’esquisse.

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Isabelle huppert

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