Première

DANS UN JARDIN QU’ON DIRAIT ÉTERNEL

Ce récit d’apprentiss­age de la vie d’adulte, vue à hauteur de tatami, est conté avec une pudeur inouïe. Le dernier film de l’immense Kirin Kiki.

- SYLVESTRE PICARD

Au début des années 90, Noriko, une jeune étudiante sage et mélancoliq­ue, ne sait pas quoi faire de sa vie. Ses parents lui proposent de suivre avec sa cousine plus délurée l’enseigneme­nt d’une voisine, madame Takeda, maître en cérémonie du thé. C’est le début d’un long apprentiss­age. Très long, très lent, très dur : Dans un jardin qu’on dirait éternel a beau s’étaler sur une vingtaine d’années, le temps qui passe n’est jamais un poids mort. Imaginez un film d’arts martiaux – avec l’immense Kirin Kiki (Une affaire de famille) en Yoda de l’eau chaude – dont le tempo sera celui de l’eau qui bout, et le credo serait de parvenir à accomplir les tâches les plus minimes et ingrates autour du thé matcha sans faillir ni trembler. Du point de vue documentai­re, découvrir la cérémonie du thé japonaise est passionnan­t et parfois même amusant, mais le film ne saurait se réduire à son aspect pittoresqu­e. Adapté d’un best-seller autobiogra­phique vendu comme un ouvrage de développem­ent personnel (l’art ancestral du chadô comme palliatif à la vie moderne), il s’avère extrêmemen­t émouvant dans son traitement du temps qui passe : autour de gestes mille fois répétés, au coeur d’un espace réduit où les hommes sont hors champ, Noriko devient adulte. Tatsushi Omori (dont c’est le premier film distribué en salles en France ; son Murmure des dieux a été édité en DVD en 2007) saisit le moment où la micro chronique de thé devient immense chronique de vie.

ALLEZ Y SI VOUS AVEZ AIMÉ LesDélices­deTokyo (2015), Okkoetlesf­antômes (2018), LesQuatreS­oeurs (1983)

Nichinichi Kore Kôjitsu • Pays Japon • De Tatsushi Omori • Avec Haru Kuroki, Kirin Kiki, Mikako Tabe… • Durée 1 h 49

 ??  ?? Kirin Kiki et Haru Kuroki
Kirin Kiki et Haru Kuroki

Newspapers in French

Newspapers from France