Première

MIGNONNES

Le portrait d’une bande de filles au caractère bien trempé. Un feu d’artifice qui révèle une cinéaste enthousias­mante : Maimouna Doucouré.

- TC

Ne vous fiez pas au titre de ce premier long. « Mignonnes » n’est pas le premier adjectif qui vient à l’esprit pour qualifier son héroïne de 11 ans et la bande qu’elle veut intégrer pour fuir un environnem­ent familial compliqué et participer à un concours de danse. Des gamines à peine sorties de l’enfance et avides de passer à l’âge adulte en zappant la case adolescenc­e. Dès les premières images, on sent que Maimouna Doucouré a trouvé la bonne distance pour raconter ces pétroleuse­s des temps modernes, à travers leurs regards, leurs mots qui ne sont jamais ceux d’adultes placés dans la bouche d’enfants, et une manière de jouer dont les maladresse­s reflètent précisémen­t l’extrême justesse. La cinéaste ne porte aucun jugement moral sur ses héroïnes. Elle montre comment elles se vivent. Alors, forcément, son film a des airs de feu d’artifice permanent. Parfois irritant à l’image de ces jeunes filles incapables de rester en place ou de parler tout bas. Mais l’immense talent de la réalisatri­ce est d’aller au bout de son sujet, de ne pas détourner sa caméra quand les gamines se mettent à danser de manière lascive dans des tenues échancrées. Est-ce que ça nous dérange ? Évidemment. Est-ce qu’on se sent voyeurs ? Pas un seul instant, car son regard porté sur ces jeunes corps aspirant à être vus et likés est précisémen­t celui que ces collégienn­es portent sur elles-mêmes et leurs copines. Le fil était ténu. Maimouna Doucouré y évolue telle la plus douée des funambules. Elle n’a pas volé son prix de la réalisatio­n à Sundance.

ALLEZ Y SI VOUS AVEZ AIMÉ FuckingAma­l (1999) , 17filles (2011), Bandedefil­les (2014)

Pays France • De Maimouna Doucouré • Avec Fathia Youssouf, Medina El Aidi, Esther Gohourou… • Durée 1 h 35

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Fathia Youssouf

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