TOUT NOUS SOURIT
Enfin, une comédie douce-amère sur le couple et la famille qui évite les clichés rebattus. Des acteurs parfaits et servis par une écriture ciselée.
Des films sur les couples de parents en crise, on a l’impression que le cinéma français ne fait que ça. La différence, ici, c’est que c’est réussi. Et même mieux, Tout nous sourit nous surprend. Le jury du dernier festival de comédie de l’Alpe d’Huez lui a d’ailleurs décerné trois prix. Avec des ingrédients de départ classiques (papa, maman, trois enfants, les amants et le temps qui passe), Mélissa Drigeard (Jamais le premier soir) parvient à concocter un néo-vaudeville où le tragique pointe sous l’humour des déchirements. Tous les personnages se retrouvent en huis clos dans un règlement de comptes aussi surréaliste qu’explosif. La réalisatrice et son coscénariste Vincent Juillet déjouent les pièges du genre pour offrir des dialogues ciselés et percutants à leurs interprètes. Elsa Zylberstein et Stéphane De Groodt se complètent parfaitement, et donnent à leur couple en crise une authenticité étonnante. Y compris lorsqu’ils se mettent à vanner leur fils cadet pas vraiment futé. Et puis, à leurs côtés, on retrouve deux figures tragiques qui viennent propulser le film dans une dimension aussi joliment touchante que profondément sincère, celle du patriarche mourant, interprété avec peu de mots et beaucoup de maestria par Guy Marchand, et celle de la soeur célibataire dont Émilie Caen délivre avec classe le magnifique monologue. Soyez prévenus, on ne se tord pas de rire devant Tout nous sourit, mais on en ressort ému, avec l’envie d’aimer sa famille et de le lui dire.
ALLEZ Y SI VOUS AVEZ AIMÉ LesMaris,lesfemmes,lesamants (1989), Un+une (2015), Chambre212 (2019)
Pays France • De Melissa Drigeard • Avec Elsa Zylberstein, Stéphane de Groodt, Émilie Caen… • Durée 1 h 41