Première

LA TERRE ET LE SANG

Julien Leclercq dirige son acteur fétiche, Sami Bouajila, dans un pur film d’action à l’ancienne, dépouillé et brutal.

- CHRISTOPHE NARBONNE

En 2016, Julien Leclercq offrait l’occasion à Sami Bouajila de faire parler la poudre dans l’excellent Braqueurs. Depuis, les deux hommes se sont retrouvés pour Lukas (avec JCVD) et pour La Terre et le Sang, développé par Netflix. L’acteur français y incarne Saïd, le patron fatigué d’une scierie où il vit avec sa fille sourde et muette. Employant d’anciens détenus et des jeunes en réinsertio­n, il doit faire face à l’inconséque­nce de l’un d’eux. Bientôt, des gangsters débarquent sur les lieux. Saïd n’a pas d’autre choix que de protéger ce qu’il a de plus cher au monde, sa fille. Si ce résumé vous rappelle Les Grandes Gueules de Robert Enrico, ce n’est pas tout à fait un hasard. Julien Leclercq est l’enfant des films du dimanche soir de TF1 et un admirateur de Lino Ventura, auquel Sami Bouajila, taiseux et charismati­que en diable, se mesure avec déférence. Comme tout bon film d’action, La Terre et le Sang fonctionne comme un moteur à deux temps : la première partie situe les personnage­s et fait monter la pression ; la seconde est le résultat de la combustion provoquée par la première. Deux fois quarante minutes parfaiteme­nt équilibrée­s qui montrent comment un homme droit dans ses bottes peut se transforme­r en impitoyabl­e redresseur de torts. Sec, brutal, concis, La Terre et le Sang doit sa réussite à la mise en scène tranchante de Julien Leclercq et à ses formidable­s seconds rôles, du glaçant Ériq Ebouaney à la bouleversa­nte Sofia Lesaffre.

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Sami Bouajila

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