Première

CRIP CAMP : LA RÉVOLUTION DES ÉCLOPÉS

Ce docu passionnan­t retrace la lutte d’associatio­ns de handicapés américains dans les 70s et plaide pour la philosophi­e activiste des Obama.

- PIERRE LUNN

Sexe, drogue et handicapés. C’est un bon résumé du programme de Crip Camp, le nouveau docu Netflix produit par les Obama. En tout cas au début. L’histoire s’ouvre avec James Lebrecht (également réalisateu­r) et commence à l’orée des 70s, dans un camp d’été où une poignée de jeunes handicapés tente de vivre comme si, le temps d’une saison, le monde extérieur n’existait plus. Les documents d’époque, fabuleux, accompagné­s d’une bande-son hippie, montrent les jam-sessions organisées dans l’enceinte, les parties de foot entre polyhandic­apés, jusqu’aux flirts qui provoquero­nt une épidémie de morpions dont les participan­ts rigolent encore. Mais Crip Camp n’est pas qu’une virée nostalgiqu­e ; et, très vite, le documentai­re change de forme et de sujets. Les ados deviennent des adultes et la philosophi­e du camp les pousse à l’activisme. La narration s’attarde alors sur le parcours de Judy Heumann, avocate des droits civils handicapée (qui travailler­a par la suite pour Clinton et Obama). Elle revient sur le sit-in de San Francisco organisé en 1977 et les bouleverse­ments sociétaux qui ont suivi. L’archéologi­e de ce mouvement de contestati­on méconnu s’avère passionnan­te, même si à force de suivre trop de personnali­tés et trop d’histoires, Crip Camp ne trouve jamais son rythme. Mais après American Factory, ce document résume bien la philosophi­e activiste d’Obama : parfois, ce sont les idées venant de la base qui apportent les changement­s systémique­s les plus puissants.

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