Première

ƒ„RETOURNER AU CINÉMA, C’EST RETROUVER LA VRAIE VIE„Œ

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ƒ„MES SALLES DE CINÉMA PRÉFÉRÉES SONT CELLES DE MON ENFANCE„Œ «„L’intérêt d’aller au cinéma après le confinemen­t, c’est déjà de voir du monde ! Faire la queue, papoter, acheter des bonbons, aller au restaurant avant ou après... Je vois un parallèle avec la foi„: c’est toujours mieux d’aller dans un lieu de culte que de prier seul chez soi. Ce cérémonial me manque, je ne suis pas du tout blasé. J’aime aussi l’idée de capsule temporelle que représente une séance. Parfois, on entre au cinéma, il fait beau dehors et, quand on ressort, il pleut ou il fait nuit, comme si on avait voyagé dans le temps... Le premier film que j’irai voir en sortant, c’est La Daronne de mon bon copain Jean-Paul Salomé. En plus, Iris Bry, que j’avais dirigée dans Les Gardiennes, joue dedans. Je trouve que Jean-Paul est très fort en comédie, Je fais le mort avec François Damiens m’avait bien fait marrer. J’irai sans doute le voir au Grand Large, à Fécamp, un cinéma assez familial dont le projection­niste, Damien Devresse, a été récompensé à Cannes –„où il oeuvre durant le festival. Dans l’absolu, mes salles de cinéma préférées sont celles de mon enfance, à Calais„: l’Alhambra et le ciné-club Louis Daquin. C’est dans ce dernier que j’ai assisté, vers l’âge de 17 ans, à la projection la plus importante de ma vie„: la présentati­on de M le maudit de Fritz Lang par Jean Douchet. J’ai non seulement pris une claque, en comprenant que le cinéma était un art, mais j’ai surtout rencontré pour la première fois Jean à qui je n’ai pas osé parler ce jour-là. Je l’ai revu par hasard un peu plus tard et nous avons noué une relation quasiment filiale. C’est devenu un second père et mon professeur en cinéma, tout comme Serge Daney qu’il m’a présenté. Ils m’ont tout appris. C’est grâce à eux que je suis devenu stagiaire, puis assistant, pour Manoel de Oliveira et André

Téchiné.„»

réalisateu­r «„On a parlé de la fermeture “des lieux de vie” pour parler des cinémas, des théâtres, des restaurant­s, des bars... car une ville est “morte” si ces lieux en sont absents. Retourner au cinéma, c’est tout simplement retrouver la vraie vie, celle où l’on se confine à plusieurs dans une salle. Et il faut urgemment oublier nos canapés et relancer toute notre industrie dangereuse­ment à l’arrêt pendant des semaines ! Car découvrir une comédie, un drame ou un mélo sur grand écran dans le silence et dans une salle bien pleine décuple les rires, les émotions et le plaisir. C’est une sensation totalement amplifiée par rapport à ce qu’on ressent à regarder un film chez soi. Tout me manque en ce moment dans le fait de ne pas y aller. Se parler de la promesse du film qu’on est sur le point de voir autour d’un verre en terrasse. Entendre les soupirs ou les rires de mon amoureuse, de mon fils ou de mon pote pendant la projection. Deviner ce qu’ils en pensent, en parler pour l’encenser ou le critiquer, envoyer des SMS pour le recommande­r, puis parler très vite du prochain film à voir… Parler des films qu’on aime – ou qu’on aime moins –„c’est parler de soi, et ainsi mieux connaître l’autre. C’est de l’intimité partagée : cite-moi tes cinq films préférés et j’en sais déjà beaucoup sur toi !„

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