Première

ULTRAS

Plongée fascinante dans le petit monde des supporters les plus fanatiques de Naples, sous influence parfaiteme­nt digérée de Gomorra.

- TC

La dernière fois que le cinéma avait montré les supporters du club de foot de Naples, c’était il y a un an dans le documentai­re qu’Asif Kapadia a consacré à la légende du club : Diego Maradona. On y voyait le peuple de cette ville si souvent raillée à genoux devant son sauveur, prêt à lui pardonner toutes ses incartades. Avec Ultras, Francesco Lettieri (lui-même napolitain) s’intéresse via la fiction aux plus violents d’entre eux. Ceux qui, par amour du maillot, cherchent la bagarre contre les supporters adverses et la police avant, pendant et après les matchs. Son premier talent est d’avoir su choisir un angle. Plus que purement sociétal et politique (Ultras ne traite pas des liens de ces hommes avec la mafia ou l’extrême droite), son film raconte une histoire de rédemption et de conflit entre génération­s. Son personnage central (incarné par l’impression­nant Aniello Arena), interdit de stade pour ses violences passées, a envie de raccrocher les gants. De retrouver une vie « normale » – notamment amoureuse – et de ne plus la sacrifier à la bande d’ultras dont il est le chef charismati­que. À ceci près que ses réflexes violents ne disparaiss­ent pas en un claquement de doigts. Et que la jeune génération, inspirée par les actions de ses aînés, ne désire pas rendre les armes mais faire, en plus grand, plus fort et plus violent ce que ses aînés ont initié. Ultras raconte cet affronteme­nt avec une tension jamais artificiel­le, grâce à une mise en scène inspirée et parfaiteme­nt digérée de Gomorra. Un film prenant de bout en bout.

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