UN HOLOGRAMME POUR LE ROI
Quatre ans après son bide américain, ce film maladroit mais attachant arrive enfin en France, directement en VOD. Et mérite le coup d’oeil.
C’est avec une certaine appréhension qu’on lance Un hologramme pour le roi, supposant que son flop américain serait probablement lié à sa piètre qualité. Mais très vite, on s’attache à ce quinquagénaire américain découvrant les us et coutumes d’Arabie Saoudite. Envoyé pour présenter au roi un hologramme high-tech, il comprend vite qu’il court après un mirage puisque le monarque ne daigne pas se déplacer. Aussi absurde que de construire une ville entière en plein désert, attendre un feu vert qui ne vient jamais mine cet homme. « Avant, j’étais assez doué pour créer de la simplicité, pour gérer les situations compliquées, pour rendre les choses plus tranquilles », explique-t-il au coeur du film, perdu. À présent, il ne parvient plus à rester optimiste, ni à motiver ses équipes. Certes, l’intrigue prend son temps, digresse et n’évite pas les facilités, à l’image du kyste qui pousse dans le dos du héros, symbole de tous ses problèmes qui s’accumulent. Pourtant, Tom Tykwer (Cours, Lola, cours) adapte Dave
Eggers avec finesse, évitant les clichés sur le choc des cultures. S’il propose quelques trouvailles visuelles, il mise avant tout sur le talent de ses acteurs, Tom Hanks en tête, qui parvient à insuffler beaucoup d’humanité à ce héros solitaire évoquant souvent le Bill Murray de Lost in Translation. En sort une oeuvre inclassable, solaire, douce... mais pas si simple finalement.