SAINT MAUD
Rose Glass n’a que 30¦ans et du talent à revendre, comme le prouve son premier film, qui convoque De Palma, Zulawski ou Strickland. Rien que ça.
Qui est donc Rose Glass ? C’est la première question qu’on se pose en sortant de Saint Maud, étonnant film de genre intimiste qui nous plonge dans l’esprit dérangé d’une jeune femme. Ancienne étudiante en cinéma, assistante sur des publicités et des clips, réalisatrice de courts métrages expérimentaux, Rose Glass a accumulé en peu de temps une expérience de vétéran qui se traduit à l’image par une maîtrise formelle impeccable, presque ostentatoire – pêché mignon du film qu’on pardonnera aisément. « Je voulais faire le portrait d’une jeune femme qui appréhende la réalité différemment de son entourage et se retrouve poussée à des extrémités dramatiques », dit-elle dans le dossier de presse. De fait, sa Maud ne vit pas dans le même monde que nous, en particulier que celui d’Antonia, belle femme mûre atteinte d’une maladie grave que Maud, infirmière à domicile, est chargée de veiller. Très vite, une relation ambiguë s’instaure entre les deux femmes, qui va pousser Maud dans ses pires retranchements. Tout, chez Rose Glass, devient synonyme d’oppression et d’aliénation : une bouilloire qui chauffe, l’eau qui s’écoule dans un siphon, une image télé… Maud perd pied, la réalité à laquelle elle tente de s’accrocher s’escamote peu à peu. Dieu ne lui apportant pas les réponses qu’elle souhaite, la dévote se souille pour mieux se sentir vivante. Est-il trop tard ou son âme sera-t-elle sauvée ? C’est tout l’enjeu de ce film dérangeant dont le dénouement est tout, sauf consensuel. ALLEZ Y SI VOUS AVEZ AIMÉ Carrie au bal du diable (1977), Possession (1981), TheDukeofBurgundy (2015)
Pays Royaume-Uni • De Rose Glass • Avec Morfydd Clark, Jennifer Ehle, Lily Knight… • Durée 1 h 23