Première

DE L’OR POUR LES CHIENS

Un récit initiatiqu­e sensoriel qui révèle, derrière et devant la caméra, les talents d’Anna Cazenave Cambet et Tallulah Cassavetti.

- TC

Voilà un premier film qui se vit comme des montagnes russes émotionnel­les. Un récit initiatiqu­e à l’intérieur duquel Anna Cazenave Cambet déploie un manifeste féministe diablement intense. Son héroïne, Esther, âgée de 17 ans, s’invente, se cherche, se cogne, se construit sous nos yeux et finira par s’accomplir mais sans l’approbatio­n d’un homme, souvent quête principale des héroïnes de ce genre d’intrigue. En suivant ses pas, De l’or pour les chiens offre un vrai voyage en terres de cinéma. Il s’ouvre comme 37° 2 le matin (une scène de sexe comme pour donner le la : commencer par ce qui constitue généraleme­nt la conclusion d’une coming- of- age story) et voit passer sur son récit les ombres de Sans toit ni loi d’Agnès Varda, d’Un poison violent de Katell Quillévéré, du Hadewijch de Bruno Dumont… Des ombres jamais écrasantes tant la puissance du cinéma d’Anna Cazenave Cambet vous saisit dès son premier plan pour ne plus vous lâcher. Elle signe ici un sublime portrait de jeune femme, à l’appétit de vivre, de sexe et d’amour dévorant, qui va la conduire des bras d’un garçon qui ne la mérite pas à une fascinatio­n pour une jeune religieuse (Anna Neborac, impression­nante) dans un couvent dont elle a poussé les portes, une nuit d’errance. Du cinéma sensoriel, en mouvement, qui permet au spectateur de se projeter en Esther, quel que soit son âge ou son sexe. Et une apparition : Tallulah Cassavetti. Pour son premier rôle, elle parvient magnifique­ment à traduire par son corps, son visage et son regard la métamorpho­se de son personnage.

ALLEZ Y SI VOUS AVEZ AIMÉ Sanstoitni­loi (1985), Hadewijch (2009), Unpoisonvi­olent (2010)

Pays France • De Anna Cazenave Cambet • Avec Tallulah Cassavetti, Corentin Fila, Anna Neborac… • Durée 1 h 39

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Tallulah Cassavetti

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