Première

Jean-Pierre Dionnet ALAIN RESNAIS ADORAIT THEWICKERM­AN !

L’homme qui a apporté The Wicker Man aux Français nous raconte le lien qui l’unit au film.

- PAR FRANÇOIS GRELET

Lorsque vous éditez The Wicker Man en DVD, en 2003, c’est encore un film méconnu ?

Totalement oui ! Il n’était même pas sorti en salles ici il me semble, et je ne me souviens même plus de la manière dont je l’ai découvert. En festival ? Mais lequel ? Bon, dès que j’ai pu lancer ma collection « Cinéma de quartier » en DVD, j’ai lourdement insisté auprès de StudioCana­l pour qu’ils achètent les droits vidéo du film. Et trente ans après sa sortie au Royaume-Uni, la France pouvait enfin le découvrir.

Il s’est bien vendu ?

Plutôt oui, c’était l’un des vrais succès de la collection – c’est même celui qui s’est le plus vendu avec Le Couvent de la bête sacrée de Norifumi Suzuki. On m’en a beaucoup parlé aussi. Au-delà de certains indécrotta­bles bisseux qui espéraient voir un film de la Hammer et étaient déçus par l’aspect non-horrifique du projet, la plupart d’entre eux ont été sciés par son originalit­é. Cela dit, des gens m’ont fait remarquer que l’intrigue du film évoque de manière troublante Le Mystère des treize de Jack Lee Thompson, un film de 1966 avec Sharon Tate dans son meilleur rôle ! On y retrouve aussi des histoires de Celtes, de récoltes de fruits et de sacrifices humains… Mais ce qui fait que The Wicker Man marque à ce point les esprits, et on a tendance à ne pas en parler assez, c’est son aspect comédie musicale, qui lui donne, je trouve, un côté néo- Brigadoon…

C’est un film de genre selon vous ?

Oui, mais alors de genres, au pluriel. C’est un film qui s’adresse à de nombreux publics, assez éloignés les uns des autres. Ceux qui aiment l’aspect « jeu » et fausses pistes, propres au scénariste Anthony Shaffer, se régalent. Ceux qui aiment Le Cri du sorcier de Skolimowsk­i ou Providence de Resnais aussi… D’ailleurs, Resnais, qui voyait tout, appréciait beaucoup The Wicker Man. Il adorait cette idée d’un film qui vous trouble juste par le génie de ses détails. C’est une oeuvre faite pour les gens qui aiment perdre pied, en fait.

Le film est passé du statut de curiosité à celui de classique. Vous pensez que c’est justifié ?

Pour une fois oui, c’est justifié ! On est devenus trop indulgents avec les curiosités. On a sanctifié un peu trop vite des cinéastes très inégaux comme Terence Fisher ou Dario Argento, on réhabilite trop de choses, trop vite. Mais The Wi cker Man, c’est du solide, de l’immanquabl­e, du vital. Moi, je le place à côté de L’OEuf du serpent de Bergman. C’est-à-dire très très haut.

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