Shining (1980), Une femmesousinfluence (1974), PiecesofaWoman (2021)
Après Pieces of a Woman de Kornél Mundruczó sur Netflix, un autre portrait de femme « en morceaux » débarque en streaming : l’extraordinaire nouveau film du réalisateur de Martha Marcy May Marlene avec la sublime Carrie Coon.
de (vraiment) regarder une femme s’abîmer pour mieux renaître. Dans un entretien qu’elle nous avait accordé, Carrie Coon, la star de The Nest, citait d’ailleurs Gena Rowlands comme référence absolue de son interprétation. Dans ce film, l’actrice est de fait éblouissante de classe et de beauté légèrement asymétrique. Pour jouer Allison, qui voit son monde s’écrouler quand elle quitte son nid américain, Sean Durkin a bien fait de choisir cette actrice époustouflante, à la fois fragile et blindée. Dans The Leftovers, Coon avait exploré les notions de perte et de chagrin comme peu d’actrices avaient su le faire avant elle. Dans la saison 3 de Fargo, elle avait su jouer une flic tour à tour téméraire et dévastée (par l’inhumanité du monde qui l’entourait).
Ce sont tous ces registres qu’elle arpente de nouveau dans ce film. Mais en ne passant que par le jeu et l’incarnation. En multipliant les plans transitionnels (où on la voit fumer une clope dans la voiture, monter à cheval ou bien travailler dans une ferme comme pour refuser le rôle de la femme au foyer que lui a assigné son mari), Durkin révèle progressivement ses fêlures et des facettes supplémentaires de son personnage. Sans dialogue, sans discours. On évoquait Cassavetes, on pourrait citer Bergman. Beauté blonde comme Liv Ullman ou Bibi Andersson, Coon emmène The Nest vers la paranoïa et l’angoisse par la seule force d’un regard ou d’un sourire inquiet. Au fond, Sean Durkin (comme Mundruczó dans Pieces of a Woman) essaie de décrire des émotions et des états psychologiques féminins. Avec une délicatesse précieuse, et aidé par une comédienne au sommet de son art.
uCanada, Grande-Bretagne • Sean Durkin • Jude Law, Carrie Coon, Charlie Shotwell… • 1 h 47 • février