Première

INTERVIEW EXPRESS

Le cinéaste italien adapte Sans aucun remords avec Michael B. Jordan en Marine pris dans un complot internatio­nal. Entretien fissa.

- PAR FRANÇOIS LÉGER

Stefano Sollima

PREMIÈRE : La plupart des adaptation­s de Tom Clancy au cinéma ont des racines profondéme­nt ancrées dans le contexte géopolitiq­ue des années 80-90. Qu’est-ce qui rend un film comme Sans aucun remords pertinent aujourd’hui ?

STEFANO SOLLIMA : Certains thèmes des livres de Tom Clancy me paraissent encore très actuels, parce qu’ils ont en réalité un sens profond. C’est un auteur qui offre un vrai regard sur le monde dans chacun de ses romans, sans oublier d’être distrayant. C’est ce que j’ai toujours visé avec mes films : un cinéma divertissa­nt mais qui fait réfléchir à des thèmes qui nous entourent. On a évidemment modifié beaucoup d’éléments du roman, qui se déroule dans les années 70, car il n’était pas question de faire un film d’époque. Par contre, on a conservé ce réalisme extrême qui est caractéris­tique de Clancy, comme l’est également la véracité du contexte géopolitiq­ue. Du Vietnam, on est passé à la Syrie, car ce sont deux pays qui ont en commun d’avoir été détruits par une guerre civile, et où deux puissances internatio­nales se sont livrées une guerre non officielle.

Ce réalisme se retrouve aussi dans les scènes d’action, extrêmemen­t tendues et efficaces, mais toujours abordées avec une précision militaire.

Oui, car le réalisme est absolument fondamenta­l, c’est le fil conducteur qui soutient le film. Au fond, j’aime parler de gens qui parfois se comportent de façon héroïque, mais qui sont avant tout des êtres humains dans lesquels on peut se reconnaîtr­e. C’est ce qui rend l’expérience crédible. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai fait appel à Taylor Sheridan [scénariste et réalisateu­r de Wind River], avec qui j’avais déjà travaillé sur Sicario : La

Guerre des cartels.

Il n’avait pas touché au premier script que j’avais reçu de la Paramount. Mais après avoir lu le roman, j’ai tout de suite compris ce qu’il pouvait apporter : une vision brutale mais humaine.

En quoi Michael B. Jordan était l’homme de la situation, un héros « clancyen » ?

En fait, Michael est producteur du film, et c’est lui qui m’a téléphoné pour me proposer le job. Je ne l’ai donc pas choisi, c’est l’inverse. Mais j’ai parlé à quelqu’un empreint d’un altruisme incroyable. Mieux que ça : c’est l’être humain par définition. Il est enraciné dans le monde qu’il habite mais il conserve cette innocence dont je savais qu’elle allait beaucoup apporter au film. Son personnage est un soldat efficace, sans pitié, c’est aussi un homme qui croit en l’importance de son travail, persuadé d’être le dernier rempart pour protéger les valeurs de son pays et sa famille de toutes les horreurs du monde. Quand ces croyances sont anéanties, il se sent trahi, et il fallait qu’on lise dans ses yeux la douleur et la rage. Michael a ce supplément d’âme qui fait que monsieur Tout-le-monde se sent proche de lui.

SANS AUCUN REMORDS

De Stefano Sollima • Avec Michael B. Jordan, Jodie TurnerSmit­h, Jamie Bell… • Durée 1 h 50 • Disponible le 30 avril sur Amazon Prime Video • Critique page 64

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France