Première

Un dimanche à la campagne

PREMIÈRE N°85 – AVRIL 1984

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Un vieil homme qui sent la mort approcher vit désormais de dimanche en dimanche en attendant la visite de ses enfants… Le huitième film de Tavernier, empreint d’une grâce tranquille, est l’un de ses préférés, comme il nous l’expliquait.

« J’ai une affection assez forte pour les films que j’ai faits. Il y en a où je me suis trompé et que j’aime moins que les autres, par exemple Des enfants gâtés. Mais dans aucun, il y a des choses que je renie et dont j’ai honte. (…) Et si Un dimanche

à la campagne m’est particuliè­rement cher, c’est parce que j’y vois la prolongati­on de certaines recherches plastiques et émotionnel­les qui me tenaient très à coeur et que j’avais un peu retenues jusqu’à présent. Peut-être aussi parce que tout le film s’est fait dans un état de passion. J’ai toujours fait mes films avec énormément de passion – j’espère que ça se voit ! – mais sur celui-là, elle s’est trouvée concentrée dans un laps de temps très court. »

Réquisitoi­re contre les insuffisan­ces de la police antidrogue, cette oeuvre en immersion emballait Première qui louait « le premier film français délibéréme­nt critique contre une trop “bonne tenue” humaniste de notre cinéma ». Et Tavernier de donner les raisons intimes qui l’avaient amené vers ce projet.

« J’ai fait ce film parce que j’ai connu le monde des toxicomane­s à travers Nils, mon fils, qui l’a été un moment. Il s’en est sorti parce qu’on s’est beaucoup occupé de lui et que lui-même voulait s’en sortir. Il m’a montré des choses terrifiant­es : par exemple, comment on vendait de la drogue dans les lycées… Un jour, j’ai été invité à déjeuner par Laurent Fabius avec Costa-Gavras. Je lui ai parlé des dealers, de la haie de revendeurs de drogue qu’il y a au métro Châtelet. Fabius m’a interrompu et dit sèchement :

“Je vous ai demandé de me parler de choses importante­s… !” »

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