jane campion
BON CHIC, BON GENRE
Portée par un romantisme volontiers désespéré, l’oeuvre de la cinéaste néozélandaise, dont l’intégralité est visible au Festival Lumière, offre des portraits de femmes en quête d’émancipation. Un ange à ma table (1990)
Campion décroche le Grand Prix à Venise avec ce film adapté de Janet Frame – héroïne des lettres néozélandaises – sur le parcours chaotique d’une jeune femme marginalisée par la société et une famille dysfonctionnelle. Un thème qui se retrouvait déjà dans Peel – Exercice de discipline, Palme d’or du court métrage (1986) et son premier long, Sweetie (1989).
In the Cut (2003)
Après un détour par l’Inde avec Holy Smoke (1999), dont l’élan dramatique lui confère des allures de variation sur un thème exploré précédemment (la folie supposée d’une jeune femme pour contrôler son émancipation), Jane Campion surprend avec ce thriller fiévreux, contemporain et new-yorkais, porté par une Meg Ryan 2.0 et le nouveau mâle du cinéma d’auteur américain, Mark Ruffalo.
Top of the Lake SAISONS 1 & 2 (2013/2017)
Le Pouvoir du chien permet à la cinéaste de renouer avec le cinéma après les deux saisons de sa série criminelle Top of the Lake, dans lesquelles Elisabeth Moss campe une inspectrice qui doit faire face à la disparition inquiétante de jeunes filles. Jane Campion propose un univers d’une violence extrême, sans cesse contrebalancée par la splendeur vénéneuse de son style.
La Leçon de piano (1993)
La Leçon de piano, d’après Jane Mander – l’autre grande papesse de la littérature néo-zélandaise – est l’histoire d’une passion incandescente donc dangereuse. Le film a reçu la Palme d’or en 1993. Ce goût de la cinéaste pour un romantisme désespéré s’est affirmé avec l’adaptation de la prose de Henry James (Portrait de femme, 1996) autour de l’itinéraire d’une femme qui paye cher son désir d’indépendance.
Bright Star (2009)
Retour aux affaires plus courantes avec ce biopic du poète anglais John Keats porté à nouveau par une mise en scène frôlant l’académisme. Chez Campion, disciple de Douglas Sirk, la beauté des choses dissimule toujours une noirceur extrême. Ici, c’est une nouvelle fois la maladie – donc une perspective d’effacement – qui permet à deux amants de s’aimer.