Première

Y : LE DERNIER HOMME

Que deviendrai­t le monde si tous les hommes disparaiss­aient ? Une série post-apo qui intègre tous les codes du genre pour mieux les détourner.

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En gestation compliquée depuis 2015, la série Y : Le Dernier Homme sort enfin du developmen­t hell. Un petit miracle pour cette adaptation des fabuleux (on pèse nos mots) comics de Brian K. Vaughan et Pia Guerra, dans lesquels tous les porteurs du chromosome Y de la planète meurent en quelques minutes d’un mal inexplicab­le. Tous, à l’exception de Yorick (Ben Schnetzer) et de son capucin mâle, Esperluett­e. Pourquoi eux ? Quelle est l’origine du virus ? Comment reconstrui­re le monde quand plus de 50 % de sa population a passé l’arme à gauche ? De quoi mettre le matriarcat à l’épreuve du feu avec un test grandeur nature, mais Y : Le Dernier Homme vise en même temps autre chose. Il s’agit là d’ausculter l’état de nos sociétés à travers les rapports hommes-femmes, et à quel point ceux-ci règlent, ou dérèglent, le compas moral de chacun. La série le fait moins finement que la BD (du moins dans les trois épisodes que nous avons pu voir) mais reste fermement ancrée dans son époque – on y évoque pratiqueme­nt dès le début les questions de genre et de transident­ité –, tout en évitant le piège du manifeste. Les enjeux sont forts, les très nombreux personnage­s jamais artificiel­s.

Et sur le plan visuel, la série, plutôt friquée, construit un univers crédible et assez spectacula­ire quand il s’attarde sur des mégalopole­s fantômes. C’est dans ce mélange entre grand huit post-apo(litique) et intimisme qu’Y : Le Dernier Homme a sa plus belle carte à jouer. Espérons qu’elle y parvienne durant toute la saison.

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