Première

BÉBEL PAR BELMONDO

- P AR THIERRY CHEZE

De 1979 à 1995, Jean-Paul Belmondo a fait quatre fois la couverture de Première. Petit florilège des confidence­s qu’il nous avait faites lors de ces quatre rendez-vous, où on lit entre les lignes les évolutions dans la manière de vivre son métier et mener sa carrière. Première n° 26 – mars 1979

C’est pour son premier Lautner, Flic ou voyou, que Belmondo s’affiche pour la première fois en couverture de Première avec un poster-interview où il se confie sur son rapport à son métier et au starsystem. « Aujourd’hui, tout le monde parle d’anti-héros, d’anti-stars ! C’est devenu un snobisme incroyable ! Parce que tout de même, le cinéma, c’est AUSSI pour faire rêver les gens, non ? (…) Quand vous êtes enfant, vous aimez voir des héros au cinéma et ce sont eux qui vous font aimer le cinéma. Voilà pourquoi je dis que si on ne faisait plus que des films avec des anti-héros comme on dit ou avec des filles moches, on finirait par tuer le cinéma ! »

« LES ACTEURS QUI DISENT QU’ILS N’AIMENT PAS LE SUCCÈS, QU’ILS N’AIMENT PAS ÊTRE RECONNUS, MENTENT ! SI C’ÉTAIT VRAI, ILS FERAIENT AUTRE CHOSE ! »

Première n° 37 – mars 1980

Alors que son deuxième Lautner, Le Guignolo, va entrer dans le top 10 des plus gros succès de 1980 avec 2,8 millions d’entrées, Première décrypte en dix pages le phénomène Belmondo pour savoir « comment et pourquoi le jeune homme révolté d’À bout de souffle est devenu en vingt ans la star du cinéma français ». « Trouvez-moi dans la production française de ces dernières années un film que j’aurais pu faire, que j’ai eu tort de ne pas faire ! Il n’y en a pas un seul ! Parce qu’en France, nous manquons d’écrivains, de bons sujets. Tout est là ! »

« JE NE VAIS PAS JOUER LES PÉPÉS VOLANTS JUSQU’À 50 ANS ! CE SERAIT HORRIBLE SI ON EN VENAIT À DIRE : “C’EST FORMIDABLE CE QU’IL FAIT ENCORE À SON ÂGE !” »

Première n° 103 – octobre 1985

Alors que déboule Retour vers le futur et que Première a décroché une interview exclu de Dustin Hoffman, c’est bel et bien Bébel qui fait la couverture avec un entretien-fleuve… après cinq années de froid entre le magazine et lui. Un moment plus marquant que Hold-up d’Arcady, alors pas vu, où, écrivions-nous,

« tous les ingrédient­s semblent réunis pour un triomphe ». Pari perdu. « Je vous mentirais si je vous disais que demain, je n’aurai pas envie de jouer un personnage comme Léon Morin ou comme celui d’Un singe en hiver. Mais encore faut-il qu’on me le propose ! Les gens croient que je veux à tout prix jouer Zorro et gagner tout le temps. Pas du tout ! »

« CONTRAIREM­ENT À UNE LÉGENDE, JE NE ME VOIS PAS AVEC UNE CANNE À PÊCHE OU RETIRÉ DANS LES ÎLES ! »

Première n° 217 – avril 1995

Belmondo commente sa carrière et revient – le temps d’une sublime séance photo – là où le Michel Poiccard d’À bout de souffle tombait sous les balles trente-cinq ans plus tôt. Notre ultime rendez-vous avec lui, au moment de la sortie des Misérables de Claude lelouch. « J’ai eu la chance de tourner avec les plus grands. Tous des gens charmants. Ceux qui vous emmerdent, c’est les petites starlettes ou les petits acteurs de rien du tout qui vous foutent en retard ! (…) Gabin, que vous tourniez à midi ou à midi moins le quart, il était en train de bouffer sa côtelette sur le plateau. C’était des pros, dans le bon sens du terme parce qu’en même temps, ils s’amusaient à tourner et ne posaient pas de problèmes métaphysiq­ues. »

« JE N’AI PAS EU DE RÊVE AMÉRICAIN. SI ON M’AVAIT FOUTU EN COW-BOY, ÇA AURAIT FAIT RIGOLER ! »

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du Mississipi, je me faisais mener par le bout du nez par une femme. Le public n’a pas aimé. »
« Je ne peux pas tromper ceux qui paient pour voir du Belmondo. Quel que soit le scénario, il faut toujours que je m’en sorte. Je ne peux pas être perdant. Et si je meurs, je dois finir en héros, pas en minable. Or, dans La Sirène du Mississipi, je me faisais mener par le bout du nez par une femme. Le public n’a pas aimé. »
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« J’étais très content de tourner avec Godard, mais également avec Lautner. (...) J’ai eu la chance d’être parmi les acteurs qui ont pu panacher tous les genres, depuis la Nouvelle Vague intello jusqu’à la franche rigolade. Je n’ai vraiment pas de regrets. Et si vous me donnez à choisir entre une carrière de maudit qui joue devant 100 personnes avec des critiques dithyrambi­ques et un acteur trop populaire, je n’hésite pas, je recommence demain. »
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« Je n’ai jamais compris pourquoi on m’a tant reproché mes cascades. Si je les faisais, c’est parce que ça m’amusait. (…) Le cinéma m’a donné l’occasion de faire des choses que je n’aurais jamais faites. Ça a commencé avec L’Homme de Rio puis je me suis retrouvé accroché à un hélicoptèr­e au-dessus de Venise, de Paris, du Népal… Où je peux faire ça sans me retrouver au poste ? Je m’amusais et les gens aimaient ça… »

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