Sean Penn a-t-il la lose ?
Son nouveau film, Flag Day, devait effacer le douloureux souvenir de The Last Face et le replacer tout là-haut. Raté.
Il fallait beaucoup aimer Sean Penn, en 2016, au moment où The Last Face, son épouvantable mélo africain, se faisait massacrer à Cannes par la critique internationale hilare, pour tenter de rappeler au milieu des huées quel super réalisateur il pouvait être à l’occasion. The Indian Runner ! Crossing Guard ! De beaux souvenirs 90s, qui laissaient penser, à l’époque, que l’apprenti cinéaste pourrait bien un jour marcher dans les pas d’Eastwood. En juillet dernier, toujours à Cannes, Sean Penn était de retour et on comptait sur Flag Day pour remettre les pendules à l’heure. Les persifleurs allaient voir ce qu’ils allaient voir. Bon… Le film ne tient en réalité aucune de ses promesses. Le retour à l’Amérique profonde, la « révélation » de sa fille Dylan Penn… Rien ne marche. Flag Day n’a pas été sifflé, c’est déjà ça, mais a quand même quitté la Croisette avec une sorte de bonnet d’âne (la plus mauvaise note du panel critique dans la revue Screen International). Il a surtout laissé l’impression que Penn, qui était dans les années 2000 l’incarnation du « grand acteur américain », ne sait plus trop où il habite, égaré entre DTV (The Professor and the Madman) et série télé que personne ne regarde (The First). Le Bono du ciné US semble trop pris par ses engagements humanitaires et ses coups de folie gonzo (la rocambolesque rencontre, pour Rolling Stone, avec le baron de la drogue El Chapo). Et chacune de ses prises de position un peu flamboyantes (son combat « pro-vax ») semble instantanément compensée par une sortie de route médiatique (l’affiche française de Flag Day, involontairement comique, où figure au moins quatre fois son nom en très très gros). Quand il a reçu son Oscar pour Harvey Milk, en 2009, Penn était monté sur scène en disant : « Je sais que je fais souvent tout pour que ce soit compliqué de m’aimer. » Voilà. C’est bien résumé.