Première

Tony Soprano se transmet-il de père en fils ?

Dans Many Saints of Newark, le tout jeune Michael Gandolfini salue la mémoire de son père tout en ressuscita­nt le plus grand personnage de l’histoire de la télé.

- PAR FRÉDÉRIC FOUBERT

Comment rajeunir son mafieux de légende ? Il y a l’option motion capture, pratiquée sur Robert De Niro par Martin Scorsese dans The Irishman. L’option « De Niro jouera Brando », privilégié­e par Coppola pour les scènes de la jeunesse de Vito Corleone dans Le Parrain, 2e partie. David Chase, lui, sans effets spéciaux ni De Niro débutant sous la main, a choisi de redonner vie à sa « créature » Tony Soprano en faisant appel au fils de celui qui l’incarna durant 86 épisodes : Michael Gandolfini, né en 1999 (l’année du début de la diffusion des Soprano, ça ne s’invente pas), apprenti acteur de son état, croisé dans quelques épisodes de The Deuce (une série HBO, on reste en famille). Michael était trop petit pour suivre la série en direct, à l’époque où celle-ci trônait en haut de l’Olympe pop, il a donc dû la découvrir pour se préparer au rôle. Seul, chez lui, dans le noir. À étudier chaque geste, chaque inflexion de son père mort trop jeune, à 51 ans, dans le rôle de sa vie. « C’était intense, mais je savais que c’était Tony à l’écran, pas Jim », précise-t-il à l’attention de ceux qui, comme nous, ont parfois tendance à les confondre. Michael Gandolfini n’est pas au centre de Many Saints of Newark (le film raconte l’histoire de Dickie Moltisanti), mais il en est forcément, inévitable­ment, la grande attraction. C’est lui qu’on guette, qu’on attend. Lui qui fait se dresser les poils sur les bras quand il finit par apparaître, souriant, un peu gauche. On reconnaît Tony, instantané­ment. Un Tony ado, rêveur, déconneur, déjà esquissé dans quelques flash-back de la série, le Tony d’avant les responsabi­lités mafieuses, les emmerdes familiales et les crises de panique. Il faut une certaine puissance d’incarnatio­n, et pas mal de courage, pour « jouer » ainsi son propre père, tout en apportant des nuances inédites au mythe. Il faut du talent. On va dire que Michael Gandolfini a ça dans le sang.

MANY SAINTS O F NEWARK –

UNE H ISTOIRE DES SOPRANO

De David Chase • Avec Alessandro Nivola, Vera Farmiga, Michael Gandolfini… • Sortie 3 novembre • Critique page87

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France