Première

Fabrice Éboué « Pas évident de concilier boucherie et romcom… »

Avec Barbaque, l’acteur-réalisateu­r découpe du végan pour relancer son couple et son commerce. Rencontre sur le gril.

- PAR THOMAS BAUREZ

PREMIÈRE : Pourquoi en vouloir à ce point aux végans ?

FABRICE ÉBOUÉ : Je tournais avec mon spectacle, Plus rien à perdre, et mon sketch sur les végans marchait plutôt bien auprès du public. J’ai alors pensé à un scénario de film. À la base, il s’agissait d’un groupe d’activistes végans qui projetaien­t un attentat au Salon de l’agricultur­e, mais ça ne fonctionna­it pas. Il fallait changer de point de vue. Après tout, ceux qui mangent de la viande animale sont encore majoritair­es et c’était plus facile pour moi de m’identifier à un petit boucher de quartier…

Vous êtes végan, vous ?

Pas du tout ! Je n’ai a priori rien contre, même si le côté intégriste peut me faire sourire. Ils mettent tout de même en exergue des choses comme la surconsomm­ation, les modes d’abattage à la chaîne… L’idée que mon personnage considère surtout le végan comme un herbivore, au même titre qu’une vache, me faisait marrer. Ça justifie à la fois son acte et la qualité de sa marchandis­e.

… de là à imaginer une

romcom…

C’est vrai que boucherie et comédie romantique, ce n’était pas évident ! C’est justement ça qui était « couillu ». Et je n’emploie pas le mot « couillu » par hasard…

C’est-à-dire ?

Revenons au côté primitif des choses, quand l’homme sortait de sa caverne pour chasser. Il avait un instinct carnivore très proche de l’animal. En retrouvant cet aspect-là, mon boucher regagne sa virilité perdue aux yeux de sa femme. Il redevient le mâle dominant, une place que l’homme est censé avoir perdue à l’heure actuelle. C’était drôle de traiter cette question particuliè­rement sensible aujourd’hui. Bref, mon boucher redevient la hyène qui saute sur sa proie. Pas de quartier.

Barbaque

est un film interdit aux moins de 12 ans. Étrange pour un film produit par TF1 ?

C’est sûr qu’ils ont un peu claqué des fesses quand ils ont appris le résultat de la commission de censure. Sur le tournage, je ne cesse de réécrire mon scénario et entre le script qui a été validé et le résultat, il peut y avoir un écart. J’essaie de renouer ici avec une comédie radicale qui n’existe plus dans le cinéma français, celle de Joël

Séria et ses Galettes de Pont- Aven, d’Albert Dupontel avec Bernie…

Il y a d’ailleurs beaucoup de références affichées dans votre film.

On s’est amusés à refaire à notre sauce le final du dernier Tarantino avec le chien et la fusillade. Bon, je n’ai pas les moyens de Hollywood, hein. Quant à notre petit Winnie, il sort tout droit de C’est arrivé près de chez vous. Et le flic la nuit dans la boucherie, c’est la série Fargo. Il y en a plein comme ça. Quand j’ai rendu mon script, mon producteur m’a parlé des Bouchers verts [Anders Thomas Jensen, 2005]. J’ai flippé car l’idée de départ était un peu la même. Heureuseme­nt, je vais dans une autre direction.

Et après les végans ?

Une femme de 40 ans ! Elle fête son anniversai­re et ça dérape. J’aime partir d’une trame a priori classique, creuser pour remonter à la surface, et y trouver des choses très noires.

BARBAQUE

De Fabrice Éboué • Avec Fabrice Éboué, Marina Foïs, Roby Schinasi… • Sortie 27 octobre • Critique page86

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