Première

Ces années-là

Il y a les films qui se déroulent dans les sixties, très bien, mais quels sont les meilleurs films sur les sixties ? En voici dix, avant Last Night in Soho.

- U PAR FRÉDÉRIC FOUBERT

SHAMPOO

HAL ASHBY – 1975

Comment est-on passé de la libération sexuelle à Nixon ? Imaginé par Warren Beatty dès 68, Shampoo ne sort qu’en 75, et a donc eu le temps de devenir un film historique. « Soudain nous prenons douloureus­ement conscience de tout ce qui a changé », écrit la critique Pauline Kael, bouleversé­e.

NÉ UN 4 JUILLET OLIVER STONE – 1989

The Doors ? JFK ? On aurait presque tous pu les citer, mais c’est sans doute Né un 4 juillet qui résume le mieux le long exorcisme des traumas sixties qu’est la filmo d’Oliver Stone. Et son acharnemen­t à réintégrer les exclus du rêve américain (Tom Cruise en Ron Kovic) dans le grand récit national.

NOT FADE AWAY DAVID CHASE – 2012

David Chase raconte sa jeunesse rock’n’roll dans le New Jersey. Début d’une onde de choc pop culturelle qui aboutira aux Soprano et englobe les Stones, les Beatles, La Quatrième Dimension, la bombe atomique, et James Gandolfini en papa à qui il faut apprendre à dire adieu. Frissons.

BIG WEDNESDAY JOHN MILIUS – 1978

La saga chevaleres­que de trois potes surfeurs, de 1962 à l’après-Vietnam. L’année où sort ce film, Coppola est aux Philippine­s en train de mettre en scène Apocalypse Now, autre épopée sixties écrite par John Milius – le Hemingway des baby-boomers californie­ns.

AUSTIN POWERS JAY ROACH – 1997

Oasis, Trainspott­ing et les Spice Girls ont déclenché la deuxième British Invasion. Mike Myers en profite pour réactiver l’imagerie Swinging London avec son personnage d’espion lubrique et velu. Décongelée­s après trente ans de frigo, les sixties pètent la forme.

LE REDOUTABLE MICHEL HAZANAVICI­US – 2017

Hazanavici­us s’attaque à deux mythologie­s sixties, Mai-68 et Godard, et cherche une distance nouvelle, entre tendresse et gentil foutage de gueule. Comment désacralis­er la statue du Commandeur tout en se lovant dans son esthétique ? Beau numéro d’équilibris­me.

ALICE’S RESTAURANT ARTHUR PENN – 1969

Août 1969 : Woodstock vient à peine de s’achever mais Arthur Penn sait déjà que le rêve est fini. Il le dit dans Alice’s Restaurant, chronique déchirante de la dislocatio­n d’une communauté hippie. De l’histoire en temps réel, d’une clairvoyan­ce phénoménal­e. Et en plus,

ça fait pleurer.

CRAZY DAY

ROBERT ZEMECKIS – 1978

La Beatlemani­a vue comme une comédie burlesque survoltée. Un flop, mais qui permet au trio Zemeckis-Gale-Spielberg de parfaire sa science du convecteur temporel. Bientôt, ce sera Retour vers le futur. Ras le bol des sixties : les années 80 vont se passionner pour les fifties.

L’ANGLAIS

STEVEN SODERBERGH – 1999

Terence Stamp magnifié en tant qu’incarnatio­n absolue du cool sixties, extraits d’un vieux Ken Loach à l’appui

( Pas de larmes pour Joy, également une référence d’Edgar Wright pour Last Night in Soho). Peter Fonda passe une tête :

« Les 60s, c’était 66, début 67. Rien de plus. »

ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD QUENTIN TARANTINO – 2019

Terrifié par les exactions de la Manson Family quand il avait 6 ans, Tarantino conjure ce cauchemar d’enfance dans un film-somme, sans doute indépassab­le, qui laisse une hypothèse poétique sublime en suspens : si Sharon Tate n’était pas morte, les sixties auraient- elles pris fin ?

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