Première

AMERICAN CRIME STORY : IMPEACHMEN­T

L’anthologie « criminelle » de Ryan Murphy revient pour rejouer l’affaire Monica Lewinsky et le scandale sexuel qui mit la présidence Clinton face à une procédure de destitutio­n. Plus convaincan­te quand elle se raconte par le petit bout de la lorgnette.

- JONATHAN BLANCHET

American Crime Story, troisième. Comme d’habitude, le sujet en soi est un trompe-l’oeil. The People vs. O. J. Simpson s’emparait des divisions raciales révélées par le procès de la star, The Assassinat­ion of Gianni Versace évoquait l’homophobie à travers l’itinéraire d’un tueur. Impeachmen­t ausculte à sa manière les rapports de domination et les abus, comme normalisés par l’exercice du pouvoir. Sa matière n’est autre que le scandale sexuel qui conduisit la présidence Clinton dans une procédure de destitutio­n. Il y eut d’abord Paula Jones, et bien sûr Monica Lewinsky.

PARANOÏA. ACS remonte le fil des événements et change de regard. C’est elle, Monica, qui est le centre de gravité de cette histoire, au travers de sa relation avec sa confidente Linda Tripp (intense Sarah Paulson, en léger surrégime), laquelle enregistra­it les confession­s intimes de l’ex-jeune stagiaire de la Maison-Blanche. La mise en place est chaotique, plongeant dans une masse d’informatio­ns : chapelet de dates égrenées en continu à l’écran et succession de personnage­s excessifs et trop grimés… Une chose est sûre, ce ne sont pas les gros poissons qui passionnen­t ici (Clive Owen singeant Clinton en élève appliqué), ni les hommes (on attend de voir la First Lady, étrangemen­t absente des premiers épisodes visionnés). La série prend de la hauteur quand elle se tient à l’écart du saint des saints, observant l’affaire dans les ramificati­ons qui y conduisent et ses rouages les plus discrets, apparemmen­t anecdotiqu­es, mais qui finiront par la révéler aux yeux de tous. Impeachmen­t se nourrit pour cela de la paranoïa propre aux films de complots, entretenan­t la tension par son attention aux détails (une constante chez Ryan Murphy), des échanges de regards et des conversati­ons où chaque mot pèse son poids. La vraie Lewinsky a participé activement à la production. Incarnée par une Beanie Feldstein sans fard, la protagonis­te malheureus­e de ce feuilleton dont s’est repue la machine médiatique et judiciaire y dit toute sa détresse. Par ses effets miroirs avec une actualité encore fiévreuse, ACS, fidèle à elle-même, met tout un pays face à ses contradict­ions.

REGARDEZ SI VOUS AVEZ AIMÉ TheClinton­Affair (2018), LesHommesd­uprésident (1976), TheLoudest­Voice (2019)

Pays États-Unis Créée par Ryan Murphy

Avec Beanie Feldstein, Clive Owen, Edie Falco… Nombre d’épisodes vus 6/10

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Clive Owen et Beanie Fieldstein

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