THE SOUVENIR : PART I & PART II
Un diptyque sur la beauté violente d’un premier amour. Un geste cinématographique fascinant et le surgissement d’une actrice : Honor Swinton-Byrne.
The Souvenir constitue le quatrième long de Joanna Hogg. Et si ce nom parle surtout aux cinéphiles pointus, ce diptyque apparaît comme la porte d’entrée idéale à son cinéma, sorte d’aboutissement de son travail doublé d’un retour aux sources, puisque largement inspiré de sa vie et de ses débuts derrière la caméra (elle y revisite même son court de fin d’études). On y suit la première passion amoureuse vécue par une jeune femme dans les bras d’un homme instable et possiblement mythomane, mais qui a su poser sur elle ce regard qui lui a permis pour la première fois de croire en elle et de s’affranchir d’une famille aimante mais castratrice. The Souvenir raconte la puissance des premiers emballements du coeur puis la fin abrupte de cette histoire et son deuil violent qui passe par le film qu’il va lui inspirer. Le tout mû par un paradoxe étonnant. D’une précision fascinante dans ses cadres et son écriture, Hogg ne s’appuie pourtant sur aucun scénario, reconstruisant son film au jour le jour dans un geste cinématographique saisissant. Elle laisse le spectateur s’emparer de cette histoire en omettant volontairement certaines pièces du puzzle qui se joue sous ses yeux. Et pourtant, jamais on ne décroche, aimanté par Honor Swinton-Byrne, fille à la ville comme à l’écran de Tilda Swinton. Il émane d’elle une douceur, une cinégénie et une capacité démentes à faire vivre par un simple regard ou un geste en apparence banal toute la joie comme toute la douleur du monde. Du (très) grand art.
ALLEZ-Y SI VOUS AVEZ AIMÉ VoyageenItalie (1954), Huitetdemi (1963), Unamourdejeunesse (2016)
Pays États-Unis, Grande-Bretagne • De Joanna Hogg Honor Swinton-Byrne, Tom Burke, Tilda Swinton… • Durée 1 h 59 et 1 h 48