Première

Lost in translatio­n

Le niveau déplorable des sous-titres sur les plateforme­s suscite moqueries et indignatio­ns sur les réseaux. On se calme, les progress are arriving…

- PAR THÉO RIBETON

Un honnête niveau LV2 suffit généraleme­nt à mesurer l’étendue des dégâts. Les traduction­s des séries et films proposées par les plateforme­s génèrent un flot continu de reproches qui vont du bad buzz de niche (Normal People sur France.tv Slash), à la grosse colère mainstream (les sous-titres anglais de Squid Game qui modifiaien­t les personnali­tés des personnage­s). Le problème s’explique par de bêtes histoires de moyens : les profession­nels de la traduction ont fait face ces dernières années à une explosion du volume, à l’étrangleme­nt des deadlines (deux jours pour un long métrage, contre une semaine il y a vingt ans, d’après le Guardian), et au bradage des salaires – récemment baissés de 10 à 30 % par un grand labo, selon l’associatio­n ATAA qui rassemble la profession en France.

Un climat de foire low cost peu conciliabl­e avec l’internatio­nalisation nouvelle des catalogues et des audiences : puisque le tout-américain est révolu, les plateforme­s ne peuvent plus se permettre de bâcler les traduction­s. Netflix a donc investi « lourdement » d’après une enquête récente du LA Times (pas de chiffres, c’est mal barré pour le Pulitzer, les gars), et aurait notamment doublé ses effectifs de doublage (logique). En France, on tâche de rattraper les dégâts de plusieurs années de sous-traitance à des prestatair­es pas chers. Sophie Frilley, directrice de TitraFilm, doyen du sous-titrage hexagonal, nous le confirme : « Le métier a été dévalué par des gens qui n’avaient pas la formation. On a réagi en créant une école. C’est aujourd’hui un métier qui forme et qui recrute ! » Plus qu’à attendre qu’il rapporte, donc. u

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