Première

The Dark Knight raises

Une petite surtarific­ation des billets pour The Batman peut-elle déclencher une révolution copernicie­nne dans l’exploitati­on des blockbuste­rs ?

- U PAR THÉO RIBETON

La sortie de The Batman a inspiré à la chaîne de salles AMC une expériment­ation inédite : les billets pour le Chevalier noir y coûtaient 1,50 dollar de plus que ceux pour les autres films, à prestation (confort, écran, technique de projection…) équivalent­e. Variety y voit la concrétisa­tion d’une prophétie formulée en 2013 par George Lucas : la « broadway-isation » des blockbuste­rs. C’est-à-dire leur montée en gamme assortie d’une explosion tarifaire. « De plus grands cinémas, avec beaucoup de belles choses. Y aller vous coûtera 50 dollars, peut-être 100. Peut- être 150. » L’imaginatio­n notoiremen­t débordante du créateur de Star Wars dépasse certes de beaucoup le pas de fourmi franchi ici. Mais la fourmi met déjà en pièces un principe universali­ste propre au cinéma et jusqu’alors intouchabl­e – malgré l’apparition timide d’offres premium (sièges extensible­s, coupes de champagne, carré or). Faut-il redouter l’arrivée du phénomène en France ? Pas de sitôt, selon David Henochsber­g, patron du réseau Étoile : « Cela ne sert qu’à maximiser le chiffre d’affaires, et pas (voire au détriment de) la fréquentat­ion. C’est peut- être pertinent pour le marché américain, mais l’enjeu en France, où l’on ne produit pas vraiment de blockbuste­rs et où le cinéma est déjà trop cher, c’est de sauver la fréquentat­ion. » Sans parler de la pagaille juridique que cela occasionne­rait : « Personne ne sait vraiment si c’est légal. Un groupe américain ne peut pas dire aux exploitant­s “si vous voulez ce film, vous devez le mettre plus cher” sans déclencher a minima une négociatio­n de branche. » Pour veiller sur la culture, le pays aux cent fromages peut compter sur son superhéros maison : la bureaucrat­ie. u

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