Première

Jared Leto Je ne serai jamais un acteur ennuyeux

- PAR FRANÇOIS LÉGER

Les maquillage­s cubistes et le surjeu rococo sont devenus sa trademark. Jared Leto ose tout, même le superhéroï­sme bizarroïde. Comme ce mois-ci dans Morbius, où il devient un vampire en cherchant un remède à sa maladie sanguine.

PREMIÈRE : Jared, qu’est-ce qui vous a attiré dans le personnage de Morbius ?

JARED LETO : C’était un rôle parfait pour moi parce que je joue un type à l’article de la mort, qui retrouve ensuite la santé. Il devient alors super fort, avant de se transforme­r en monstre. Wow : ça en fait des trucs à jouer ! J’aime bien l’idée de pouvoir insuffler ça dans un pop-corn movie. Je n’ai aucun problème avec les films commerciau­x tant qu’ils sont bien faits. Ça peut même être une expérience transforma­trice pour le spectateur. J’ai grandi à une époque où tu pouvais vivre en ne jouant que dans des films indépendan­ts. Ça, c’est fini. mais j’essaie toujours d’aller plus loin que ce qu’on me propose. Ce qui m’intéresse, c’est la création d’une vie à l’écran. Comme de la sculpture, mais avec mon corps et mon esprit.

Votre vision du jeu pourrait se résumer à du method

acting un peu extrême, avec pas mal d’exagératio­n, d’extravagan­ce, voire de grotesque…

Je n’ai pas peur d’être extravagan­t, c’est la bonne formule. Mais c’est parce que je vois de l’extravagan­ce partout dans la vraie vie. Je pourrais très bien croiser quelqu’un avec les cheveux en feu dans les rues de New York, ça ne me semblerait pas totalement surréalist­e. Par contre, mettez ça dans un film et les gens diront : « N’importe quoi, ça n’arriverait jamais dans la réalité. »

Euh, peu de chance que ça arrive quand même, non ?

Je vous l’accorde, mais vous comprenez l’idée…

Oui, oui… Pratiqueme­nt plus personne n’ose ce que vous faites à Hollywood. C’est aussi une façon de reprendre le pouvoir sur la création, de vous rebeller ?

Je n’ai pas vraiment de grief contre Hollywood. C’est lié à quelque chose de plus intime, à une vision du métier. Une fois, Quentin Tarantino a dit à l’un de ses acteurs qui s’inquiétait d’être « too much » : « Dans mes films, tu ne peux pas être too much. » Il a raison. Je n’en peux plus de voir des acteurs prendre la pose près de la caméra et murmurer pendant une heure trente. Je m’en fous. J’aime explorer les extrêmes du comporteme­nt humain. Parfois, ça veut dire être parfaiteme­nt silencieux, et parfois en faire des caisses. L’intime et le hors-norme. Ça, c’est excitant.

Et la conséquenc­e, c’est que vous êtes un acteur qui polarise…

Je n’en ai rien à foutre pour être honnête. Je peux juste vous promettre un truc : je ne serai jamais ennuyeux. À ce moment de ma vie et de ma carrière, j’essaie de casser le moule. Sinon, je ne vois pas à quoi ça sert. Je m’en tape d’avoir le plus beau sourire de Hollywood.

À vos yeux, les rôles sont plus importants que les films ?

Je dirais que oui. Je suis très concentré quand je fais ce genre de choses. Je suis dans ma bulle et c’est un processus extrêmemen­t gratifiant. Je me retrouve dans les Peter Sellers, les Daniel Day-Lewis, les Jack Nicholson… Des acteurs qui s’immergent, qui disparaiss­ent dans leurs rôles. Rien à faire de jouer les types lambda. Il y a des acteurs très, très subtils que j’adore en tant que spectateur, mais ce n’est pas ce qui m’excite, désolé.

MORBIUS

De Daniel Espinosa • Avec Jared Leto, Matt Smith, Adria Arjona...

Sortie 30 mars

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