Romy, sans famille
Une expo à la Cinémathèque et la ressortie en HD de L’important c’est d’aimer perpétuent le mythe Schneider. Mais au fait, de quoi est-il le (pré)nom ?
Au début, il n’y avait qu’elle. Romy, c’est-àdire, au choix : Sissi, Rosalie, Les Choses de la vie, Zulawski ou encore Visconti. Romy était notre Marilyn, un territoire à elle toute seule. Elles sont aujourd’hui des milliers. Les « petites » Romy pullulent ainsi dans les crèches et les écoles primaires, inconscientes du poids qui pèse sur leurs frêles épaules. Romy fait une remontée spectaculaire dans le top des prénoms féminins les plus donnés en milieu bobo. Qu’est-ce à dire ? Que le mythe publicitaire Romy a probablement un peu effacé le génie borderline de Schneider.
2022, Romy S., disparue tragiquement il y a quarante ans, s’expose à la Cinémathèque et se fait coffrer en Blu-ray avec L’important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski (1975). Vous savez, ce hit des années 70 où le Rimmel coule sur les yeux fatigués de sa star. Elle s’adresse à nous face caméra, en larmes : « Faites pas de photos, je vous en supplie… Je suis une comédienne, vous savez ? Je sais faire des choses bien… Ça, je le fais pour bouffer… » La séquence, forcément méta, est un classique des écoles d’art dramatique depuis des lustres. En 2022, il y aura toujours les faiseurs de papier glacé pour refourguer de la Sissi, du Delon et de la joliesse pubarde à foison. L’icône écorchée, elle, regardera sûrement ailleurs, comme chez Zulawski. Des valises de tristesse sous les yeux, enveloppée dans une lumière froide pas franchement avantageuse qui pointe les stigmates du temps assassin, elle répétera à toutes les « petites » Romy de 2022 que l’important c’est d’aimer, à défaut d’être comprise.
ROMY S CHNEIDER
Exposition et rétrospective à la Cinémathèque française • Jusqu’au 31 juillet
L’ IMPORTANT C ’ EST D ’ AIMER
De Andrzej Zulawski • Éditeur Le Chat qui fume • En Blu-ray