Première

Romy, sans famille

Une expo à la Cinémathèq­ue et la ressortie en HD de L’important c’est d’aimer perpétuent le mythe Schneider. Mais au fait, de quoi est-il le (pré)nom ?

- U PAR THOMAS BAUREZ

Au début, il n’y avait qu’elle. Romy, c’est-àdire, au choix : Sissi, Rosalie, Les Choses de la vie, Zulawski ou encore Visconti. Romy était notre Marilyn, un territoire à elle toute seule. Elles sont aujourd’hui des milliers. Les « petites » Romy pullulent ainsi dans les crèches et les écoles primaires, inconscien­tes du poids qui pèse sur leurs frêles épaules. Romy fait une remontée spectacula­ire dans le top des prénoms féminins les plus donnés en milieu bobo. Qu’est-ce à dire ? Que le mythe publicitai­re Romy a probableme­nt un peu effacé le génie borderline de Schneider.

2022, Romy S., disparue tragiqueme­nt il y a quarante ans, s’expose à la Cinémathèq­ue et se fait coffrer en Blu-ray avec L’important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski (1975). Vous savez, ce hit des années 70 où le Rimmel coule sur les yeux fatigués de sa star. Elle s’adresse à nous face caméra, en larmes : « Faites pas de photos, je vous en supplie… Je suis une comédienne, vous savez ? Je sais faire des choses bien… Ça, je le fais pour bouffer… » La séquence, forcément méta, est un classique des écoles d’art dramatique depuis des lustres. En 2022, il y aura toujours les faiseurs de papier glacé pour refourguer de la Sissi, du Delon et de la joliesse pubarde à foison. L’icône écorchée, elle, regardera sûrement ailleurs, comme chez Zulawski. Des valises de tristesse sous les yeux, enveloppée dans une lumière froide pas franchemen­t avantageus­e qui pointe les stigmates du temps assassin, elle répétera à toutes les « petites » Romy de 2022 que l’important c’est d’aimer, à défaut d’être comprise.

ROMY S CHNEIDER

Exposition et rétrospect­ive à la Cinémathèq­ue française • Jusqu’au 31 juillet

L’ IMPORTANT C ’ EST D ’ AIMER

De Andrzej Zulawski • Éditeur Le Chat qui fume • En Blu-ray

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