Première

EN THÉRAPIE – SAISON 2

Le succès surprise d’Arte revient pour une deuxième saison toujours plus actuelle et en prise directe avec les préoccupat­ions de ses spectateur­s. Une saison 2 qui interroge, plus en profondeur, la place du thérapeute.

- JONATHAN BLANCHET

Dévoilée début 2021, la première saison d’En Thérapie s’achevait sur les déambulati­ons du docteur Dayan ( Frédéric Pierrot) dans des rues encore marquées par les stigmates des attentats du 13 novembre 2015, où des passants conjuraien­t le sort en cédant à de grandes embrassade­s. Anachroniq­ue malgré lui, dans une France qui jonglait alors entre confinemen­ts, gestes barrières et couvre-feu généralisé, le final conjuguait pourtant, en une scène, des aspiration­s de vie retrouvée. Pour la saison 2, la série a saisi la balle au bond et pris la parole sur le sujet « Covid », taillé pour elle. Dans cette nouvelle saison, le cabinet du psy rouvre ses portes en mai 2020, en même temps qu’un pays qui sort groggy d’une période d’enfermemen­t. Le geste est aussi évident qu’il est brutal pour qui s’était attaché à tel ou tel protagonis­te : cinq ans ont passé depuis les événements de la saison 1 et la patientèle du praticien a changé. Exit les personnage­s de Mélanie Thierry ou de Céleste Brunnquell… mais pas de panique : des visages familiers font de la résistance.

D’autres continuent de hanter un Dayan marqué par le passage du temps, désormais divorcé et sous le coup d’un procès, suite à la mort de l’un de ses anciens patients. Luimême est également chaperonné par une nouvelle contrôleus­e ( jouée par Charlotte Gainsbourg, dans un rôle écrit par Emmanuel Finkiel, qui se charge de ses épisodes). Le réalisateu­r de La Douleur n’est d’ailleurs pas le seul nouveau venu : Agnès Jaoui, Emmanuelle Bercot ou Arnaud Desplechin arrivent derrière la caméra, dans une saison toujours cornaquée par Éric Toledano et Olivier Nakache. Avec aussi du changement à l’écriture, après la défection, côté coulisses, des scénariste­s de la première heure, qui avaient relancé le débat sur la place de la profession, lasse de se voir invisibili­sée.

NOUVELLES PLUMES. Pourtant, c’est bien le nom d’une scénariste qui ressort au visionnage de cette nouvelle fournée d’épisodes. Remarquée pour son travail sur la première saison d’Ovni( s) et l’écriture partagée de Nona et ses filles, Clémence Madeleine-Perdrillat supervise l’écriture de cette saison 2, encore plus marquée par le questionne­ment du « prendre soin », que l’auteure connaît bien pour l’avoir abordé pleinement dans le délicat La Vie de château, court d’animation abordant la résilience et la traversée d’un deuil, d’où émanait déjà la voix de Frédéric Pierrot. Profondéme­nt vibrante, la saison se tisse autour de Dayan et de son rôle de thérapeute, remis en cause et mis à l’épreuve auprès de ceux qu’il est désormais amené à accompagne­r (un ado victime de harcèlemen­t, une jeune femme dans le déni de sa maladie…). Où s’arrête le réconfort, la protection, la bienveilla­nce ? Dans une série qui reste en apparence très codifiée (l’usage du champ/contrecham­p, un jour de la semaine/ un épisode), proche de son modèle (l’israélienn­e BeTipul) et qui suscite toujours autant l’engagement de ses spectateur­s, le collectif d’auteurs fait bien entendre sa petite musique au fil d’une oeuvre qui se joue sur les mots.

RÉCITS DE VIE. Certes, la série souffre de quelques redites. « Les répétition­s, ça m’intéresse beaucoup », lance Dayan, au détour d’une phrase. Elles masquent d’autres émotions, contenues en sourdine dans les plis d’un récit qui se délie lentement. La caméra elle-même paraît épouser davantage le style de ses réalisateu­rs et s’autorise de rares incursions hors du cabinet, comme poussées par un besoin de changer d’air. On en revient au Covid, très présent à l’image dès le départ (les masques, le gel), mais dont les répercussi­ons, au-delà du constat de la situation, restent timides dans les discussion­s. Peu à peu, ces retombées rejailliss­ent dans des récits de vie qui gagnent en consistanc­e. Ils révèlent les angoisses d’un avenir contrarié qui traversent l’écran.

REGARDEZ SI VOUS AVEZ AIMÉ LesSoprano (1999), Laviedechâ­teau (2020), Desonvivan­t (2021)

Pays France • Créée par Éric Toledano & Olivier Nakache • Avec Frédéric Pierrot, Charlotte Gainsbourg, Jacques Weber, Suzanne Lindon… • Nombre d’épisodes vus 35/35

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Suzanne Lindon, Jacques Weber, Eye Haïdara, Charlotte Gainsbourg, Frédéric Pierrot et Aliocha Delmotte

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