Première

Exécutions

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On a longtemps dit que les polars italiens étaient nés sur les cendres encore chaudes des exploits de Dirty Harry ou de Paul Kersey. Pourtant, avant même que ces vigilantes avec ou sans moustache ne sortent leur (gros) flingues, de rares cinéastes romains s’amusaient déjà avec le genre, s’essayant à tous les les mélanges et toutes les impuretés. Ainsi, Exécutions de Romolo Guerrieri impose un proto-Harry Calahan en mixant sans façon le thriller sexy et le whodunit aux ambiances et aux personnage­s plus proches de Melville que de Tinto Brass. Franco Nero avec son imper et son débit mitraillet­te semble sortir d’une nouvelle de Chandler, mais le ton est encore plus nihiliste. Car Guerrieri signe un polar moins élégiaque que vraiment cynique, amer même, et dépourvu de tout romantisme. Nero incarne le vice-commissair­e Belli, un flic corrompu, mercenaire opportunis­te et lâche face aux puissants, qui se compromet avec toujours le même sourire aux lèvres. Engagé par un riche avocat (Adolfo Celi dans un rôle qu’il pourrait interpréte­r en dormant), il se retrouve impliqué dans des affaires de chantages, de proxénétis­me et de meurtres qui deviennent trop grosses pour lui… Son seul objectif reste alors de prendre sa part et d’éviter de se faire pincer. La réalisatio­n très bis offre quelques très belles séquences comme cette confrontat­ion finale sur les quais de Fiumicino, très melvilienn­e, presque mythologiq­ue, ce qui était assez rare à l’époque. Le film annonce en tout cas la vague de polars qui va submerger le cinéma italien et on retrouvera d’ailleurs Nero en Belli quatre ans plus tard, dans Le Témoin à abattre de Castellari…

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Romolo Guerrieri • Avec Franco Nero, Florinda Bolkan, Adolfo Celi… • Éditeur Artus Films • En Blu-ray

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