Service trois pièces
Les pépés de la cascade trash reviennent avec Jackass Forever. Décrépits mais rigolos, ils n’ont jamais semblé autant à leur place.
Preston Lacy, vieux briscard de la bande, vient de se faire dessus par inadvertance. Le bonhomme aux formes généreuses fait semblant de s’étonner. « Mais comment c’est possible ? Je suis un grand garçon ! J’ai 51 ans ! » Et d’immédiatement retirer son costume pour dévoiler un slip blanc XXL maculé de marron, alors que le chef opérateur en vomit dans son masque FFP2. Welcome to Jackass !
Plus de vingt ans que ça dure, et n’importe quelle personne sensée aurait arrêté avant l’incontinence fécale. Hors de question pour ces masochistes du LOL, qui exhibent, toute honte bue, leurs corps vieillissants. Le gras s’est installé, les articulations craquent et les dents n’ont pas résisté aux chocs (le légendaire Steve-O en a laissé une vingtaine au bord de la route et perd régulièrement sa prothèse maousse)… Et alors ? « Jackass forever » : les organismes ont beau avoir la cinquantaine bien tapée, le cerveau est resté bloqué à 14 ans. Le cirque slapstick se poursuit joyeusement, comme si le temps s’était arrêté. On continue à se maltraiter les parties intimes (avec une centaine d’abeilles ou un palet de hockey lancé à 150 km/ h par un joueur pro), à boire des pintes de sperme de porc et à se faire déglinguer par un taureau… Le film épate par son entêtement dans la connerie pure et la constance infantile de Johnny Knoxville et des siens. Une marrade cathartique qui agit comme un laxatif pour l’esprit, et rend soudainement l’époque plus supportable. On en reprendrait bien pour vingt ans. Jackass ? Forever !