Gene Kelly, Pluie belle la vie
Prototype du génie protéiforme made in Hollywood, il réapparaît ce mois-ci au Festival de Cannes ainsi qu’au rayon 4K. Et très bientôt dans les salles sous les traits de Chris Evans.
Chantons sous la pluie a 70 ans. Une éternité et un jour plus tard, le lampadaire autour duquel s’enroule Gene Kelly n’a pas bougé d’un pouce, comme le bout de trottoir et tout le reste d’ailleurs. Le sommet de la comédie musicale Technicolor sera présenté ce mois-ci, lustré en 4K, dans la section Cannes Classics sur la Côte d’Azur et au rayon UHD dans vos magasins culturels préférés. Une façon de rappeler, si besoin en était, que son interprète principal (et coréalisateur) reste le seul être au monde qui peut sourire, danser et chanter en se prenant des seaux d’eau sur la tronche.
Feel good acteur par excellence, les dents ultra-blanches en guise de paratonnerre, des cheveux bien alignés malgré les entrechats, il incarnera à jamais le modèle du génie sans tache, celui qui glisse merveilleusement sur un monde (en)chanté. Quelques pages plus loin dans ce magazine, vous pourrez constater que l’universitaire Claude Aziza, spécialiste des Trois Mousquetaires, le cite comme le meilleur d’Artagnan jamais filmé. De tous les grands mythes de l’âge d’or hollywoodien, Gene Kelly était probablement celui dont la palette était la plus large. Le showman total, à qui il ne manque aucun don, tel que l’Amérique a toujours voulu l’enfanter.
Biopic
En attendant de se trouver un successeur qui n’arrivera probablement pas, Kelly passera d’ici peu sous les fourches du biopic. Il sera interprété par Chris Evans, initiateur du projet, tandis que Rian Johnson assurera la production et John Logan (Gladiator, Aviator, Skyfall…) le scénario. Il faudra forcément trouver des ratures sur ce tableau immaculé, sinon à quoi bon ? Conseil aux auteurs : se plonger dans les mémoires d’Esther Williams, la nageuse hollywoodienne, qui gardait un souvenir mitigé du tournage de Match d’amour (1949) : « Kelly est l’être le plus gentil et successfull sur un écran et rien de moins qu’un tyran derrière la caméra. Il ne vous remerciait jamais et ses paroles dégoulinaient de sarcasmes à chacun de ses pas. » Chantons sous le mépris ?