Première

Albane Cleret Cannes confidenti­el

Femme pressée, figure de l’ombre du festival, elle fête cette année les 20 ans de son lieu, la Terrasse by Albane, carrefour obligé des VIP, des noctambule­s et du networking cannois.

- U PAR THÉO RIBETON

Pour la plupart des festivalie­rs, Albane est une terrasse. Nulle offense là-dedans : le lieu (un immense rooftop sur l’hôtel JW Marriott, six étages au-dessus des projection­s de la Quinzaine), créé il y a vingt ans par cette femme d’affaires pour accueillir les équipes des films sélectionn­és, leurs junkets presse, leurs fêtes (elle préfère « dîners », parce qu’elle n’aime pas la nuit) et leur networking devant « la plus belle vue de la Croisette » est sans doute plus connu que sa fondatrice. Et ce prénom est devenu une véritable marque en France comme à l’internatio­nal. « Quand j’étais petite, mes parents organisaie­nt déjà des dîners où ils invitaient des peintres, des artistes, des galeristes… J’étais fascinée par tout ça. » Une origine possible à sa future carrière d’entremette­use du grand monde. Ensuite, il y eut l’Institut supérieur des arts appliqués, puis des débuts dans la mode (« je suis styliste et modéliste »), avant de toucher à tous les mondes dorés environnan­ts, pour peu à peu s’y sentir comme un poisson dans l’eau : l’événementi­el, le cinéma, la nuit, les marques.

Coulisses dorées

À Cannes, qui ne représente même pas la majorité du chiffre d’affaires de son agence (mais tout de même 40 %), elle est arrivée il y a vingt ans, d’abord au sous-sol de l’hôtel Gray d’Albion, puis sur le toit du Palais (le légendaire club Jimmy’s), avant d’investir sept ans plus tard et même d’inventer (« cet étage n’existait pas ») son lieu actuel. Elle a su faire de sa terrasse le lieu de rendez-vous de toutes les personnali­tés en vue et VIP de la Croisette – moyennant un usage très précurseur du branding, domaine dans lequel elle opère avec une véritable maestria doublée d’une incroyable capacité d’adaptation. Car même si elle a fait en 2021 « [sa] plus belle année » compte tenu du contexte sanitaire, la levée de fonds 2022 est ardue : « Avec le contexte, c’est compliqué de convaincre des groupes de luxe de mettre de l’argent dans un festival où il n’y aura pas de clients russes ou chinois. Les sponsors sont moins faciles à trouver, et dépensent moins. On s’adapte avec les nouveaux… » Aux logos des géants de la joaillerie s’accolent ceux du numérique, comme Brut. Celle qui incarne désormais les coulisses dorées du festival ne se dit pas nostalgiqu­e d’un quelconque âge d’or : « L’époque des soirées somptuaire­s organisées par des grandes majors américaine­s dans des villas des hauteurs est terminée. » Pas son affaire : « Je ne suis pas un oiseau de nuit, je suis debout à 7 heures du matin, je regarde mes mails une heure, je vais vérifier que tout se passe bien sur la terrasse, et je file dans mon bureau organiser le dîner. » 500 invitation­s (calligraph­iées), une scénograph­ie différente tous les soirs, parfois un groupe… « C’est comme organiser un mariage tous les jours. » Une sorte de conte de fées ?

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France