LE BAVA LE + « EMPLOYÉ DU MOIS » |

Caltiki, le monstre immortel (1959)

Le talent de Mario Bava est un peu comme la matière visqueuse de ce Caltiki. D’abord tapie dans l’ombre, elle ne cessera de grossir une fois exposée à la vue des hommes. Derrière ce Blob réalisé par Robert Hamton – aka Riccardo Freda – il y avait déjà Bava, « le noncrédité » de service du cinéma italien. Mario est le fils d’un sculpteur devenu directeur de la photo, dont le premier fait d’armes fut la conception d’un tombeau géant pour une production Pathé. Tout dans la phrase précédente préfigure la carrière du fiston qui, après des études de peinture, va éclairer les films des autres (Rossellini et Walsh, notamment) et surtout s’éclater à imaginer des effets visuels à la Méliès pour foutre les jetons aux spectateurs. Crédité ou pas, Mario Bava traîne ses guêtres et ses bonnes dispositions à Cinecittà et ailleurs depuis le début des années 40. Pote de Riccardo Freda, il terminera bientôt ce que le cinéaste grincheux ne veut pas achever. Il en sera ainsi des Vampires en 1957 (disponible en coffret combo chez Sidonis), qu’il termine après une brouille de Freda avec les producteurs. Bava conçoit notamment le vieillissement live et sidérant de l’actrice Gianna Maria Canale dans ce qui va devenir la scène fondatrice du cinéma fantastique italien. Sur Caltiki, que Bava pourrait d’ailleurs avoir initié, Freda se barre à nouveau et laisse Super Mario finir le job. Résultat, dans cette rêverie un peu encombrée de sa propre matière (un blob grotesque), Bava poétise les bas-fonds du cinéma fauché par la force d’une mise en scène inventive où la lumière révèle autant qu’elle dissimule les points de suture de l’enfer.

De Riccardo Freda & Mario Bava • Avec John Merivale, Didi Perego… • Éditeur Artus Film • En DVD/ Blu-ray