Première

LE BAVA LE + CÉLÉBRÉ | Le Masque du démon (1960)

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Le « grand coloriste du cinéma » a donc commencé en noir et blanc. Ce qui n’est pas une aberration, même si en 1960, à la Hammer, le sang coulait déjà en rouge vif. Mario Bava jusqu’ici soldat de l’ombre passe enfin à confesse. Cette première réalisatio­n, il la doit en partie aux services rendus à son pote Riccardo Freda. Ce Masque du démon, c’est le Citizen Kane de Bava, une entrée à pieds joints sur les hauteurs du cinéma. Comme chez Welles, la caméra omniscient­e se balade où elle veut, interrogea­nt le regard – ici macabre – du spectateur (la séquence où les orbites vides du cadavre de la sorcière se remplissen­t est d’une beauté expressive ahurissant­e !). Que dire aussi de ce plan subjectif quasi inaugural du fameux masque les pointes dressées vers le visage qu’il s’apprête à empaler. Vaguement inspiré d’une nouvelle de Nicolas Gogol, Le Masque du démon se situe dans la Russie du

XIXe siècle et voit des aristos, perdus en rase campagne, réveiller une jolie créature (l’Anglaise Barbara Steele) laissée là deux siècles auparavant. Ce « petit » film d’épouvante laisse de marbre les Italiens mais parade aux States sous le titre aussi mystérieux que foireux de Black Sunday et fait la couv de la revue Positif. Bava ne pouvait que séduire la cinéphilie française en suivant la ligne poético-fantastiqu­e empruntée par Murnau, Cocteau et Tourneur. La vérité, c’est que ce Masque avec ses effluves suspects (fétichisme morbide, nécrophili­e…) reste coincé dans son Xanadu en ruines, visité régulièrem­ent par ses disciples essayant éperdument de réveiller la belle sorcière. Dans les bonus du DVD, une Barbara Steele exubérante parle de Bava comme d’un « prêtre au silence charismati­que » et d’un tournage

« monochrome ».

De Mario Bava • Avec Barbara Steele, John Richardson… • Éditeur Sidonis • En DVD/ Blu-ray

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