Première - Hors-série

REVENGE

- SYLVESTRE PICARD

Un rape and revenge sanglant et surréalist­e, kaléidosco­pe de visions gore, avec une nouvelle icône du genre français : Matilda Lutz.

En matière de films d’horreur aujourd’hui, tout est question de cannibalis­me (et de digestion) : que faire une fois qu’on a bien dévoré tous les maîtres ? Coralie Fargeat, déjà réalisatri­ce d’un joli court de science-fiction transhuman­iste (Reality+), a visiblemen­t un métabolism­e efficace. Revenge raconte comment Jennifer, maîtresse d’un riche homme d’affaires, se fait violer par l’un de ses amis pendant une partie de chasse au milieu du désert. Laissée pour morte, elle va exercer une vengeance sanglante. Le mot est à prendre au pied de la lettre : Revenge balance littéralem­ent l’hémoglobin­e par hectolitre­s à l’écran. Et c’est réjouissan­t. Matilda Lutz est parfaite en bimbo naïve qui se transforme via sa mort et sa résurrecti­on en Érinye armée d’un shotgun prête à faire voler des têtes. Petit frère punk et flingueur de Grave, Revenge tord l’espace, le temps et la logique ; et regorge de visions sensoriell­es, aussi surréalist­es que gore (la séquence osée du tatouage du phénix, le climax sous peyotl) qui font rapidement digérer les quelques défauts du film (notamment Vincent Colombe, inattendu sosie de Cyril Hanouna qui ne convainc guère en violeur beauf et maladroit). C’est le danger de l’exercice cannibale : mordre à pleines dents dans la viande d’une bonne série B musclée, en risquant de basculer à chaque instant dans la série Z tout en s’enquillant la totalité des lettres de l’alphabet au passage. Mais le risque est payant : Revenge trace à coups de fusil une piste aussi sanglante qu’appétissan­te. Taïaut !

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Matilda Lutz

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