Première - Hors-série

MANDY

- SP

Entre David Lynch et Kenneth Anger, Panos Cosmatos signe un cauchemar psyché 80s porté par un Nicolas Cage déchaîné.

« Mandy est né de mes souvenirs d’enfance, quand j’écoutais du heavy metal et que je jouais à Donjons et Dragons », expliquait le réalisateu­r Panos Cosmatos lors du dernier Festival de Cannes. Mandy illustre une fois de plus le problème de toute une génération de cinéastes de genre biberonnés à la VHS horrifique 80s. Nicolas Cage part massacrer à la hache une secte cosmico-chrétienne qui a brûlé vive sa copine. Résultat : de très longs plans accompagné­s de riffs de guitares très planants et très bruyants avec des lumières flashy. Si vous êtes de mauvaise humeur, vous verrez Mandy comme une énième « bisserie » qui cache sa misère derrière d’énormes emprunts à la pop culture des années 80 (oui, encore une fois...) mais, si vous laissez une chance à Cosmatos, alors vous prendrez un plaisir fou à ces visions de bikers monstrueux en armure noire carburant au LSD, à ces duels de tronçonneu­ses ou à ces séquences de SF en animation (les amoureux de Cage seront aux anges pendant ce plan séquence où il soigne ses blessures en slip en se bourrant la gueule à l’alcool à 90°). Mais au fond, Mandy ne raconte rien sur la violence, l’amour, la nostalgie (ou même sur le cinéma). Il y a une différence entre répéter ad nauseam de grandes phrases sur le cosmos et la magie, en clamant que le personnage de Cage « exsude une noirceur cosmique » (sic), et exsuder effectivem­ent cette noirceur cosmique. L’horreur de ce long est très sage, très enfantine. C’est une horreur produite par ceux qui grattent des riffs sataniques dans le sous-sol de la maison, mais qui remontent sagement dîner quand les parents les appellent, sans oublier d’éteindre la lumière.

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Nicolas Cage

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