LE SECRET DES MARROWBONE
Le premier film du scénariste de L’Orphelinat est un drame familial aux accents surnaturels où se croisent Charlotte Brontë et M. Night Shyamalan.
Lorsqu’il écrit L’Orphelinat, Sergio G. Sánchez espère le réaliser lui-même. Les producteurs le lui refusent, et Juan Antonio Bayona prend le relais avec succès. Le Secret des Marrowbone a ainsi ce léger parfum de revanche où le scénariste devenu cinéaste peut enfin donner corps à sa vision. Celle-ci le place dans la lignée d’un Alejandro Amenábar, période Les Autres, ou d’un Guillermo del Toro, époque L’Échine du diable. Le tout avec une petite touche british que ne renierait pas l’auteure de Jane Eyre. Le film suit Jack et ses frères et soeur obligés de vivre enfermés dans une nouvelle maison suite à la mort de leur mère. Ils attendent, dissimulés du monde, les 21 ans de l’aîné, par peur d’être disséminés dans plusieurs foyers. Mais l’immense bâtisse semble renfermer un esprit lié au passé que la fratrie a fui. Adeptes du jump scare (ces effets qui font sursauter) à outrance, passez votre chemin. Le réalisateur préfère installer une ambiance pesante et malsaine, quasi gothique, alors que le film se déroule en 1969 aux États-Unis. Mais l’absence de réels repères – le tournage a eu lieu en Espagne – et le casting, uniquement composé de jeunes pousses du cinéma britannique, provoquent une sensation étrange qui sied à la tonalité générale. Plus qu’un véritable film de fantômes, ce long métrage est d’abord un drame familial à tiroirs plus ou moins huilés. Mais c’est aussi un écrin idéal pour confirmer le statut de nouvelle reine du frisson d’Anya Taylor-Joy, après Split et The Witch.