Première

WHITNEY

Après Marley, Whitney. Kevin Macdonald poursuit avec succès son décryptage des icônes noires de la pop music.

- CN

Whitney Houston avait tout pour réussir : la plastique, la voix, l’héritage (sa mère, Cissy, connut son heure de gloire dans les 60s ; sa cousine était Dionne Warwick). Mais elle avait aussi tout pour sombrer : la drogue, un mariage malheureux (avec le chanteur Bobby Brown, finalement moins toxique que bas de plafond), une fille à problèmes (Bobbi Kristina Houston, tragiqueme­nt décédée en 2015, trois ans après sa mère). Kevin Mcdonald s’intéresse à la femme derrière l’icône pop et lève le voile sur une vie chaotique, commencée dans la foi et l’union familiale et achevée en solitaire dans une baignoire d’hôtel. Les ressemblan­ces avec Amy, le doc d’Asif Kapadia sur Amy Winehouse, sont nombreuses, du prénom titre au mélange habile de stock shots, d’archives très personnell­es et d’extraits de concerts, jusqu’aux trajectoir­es respective­s des deux divas – épouses blessées et filles de pères controvers­és. Si Whitney est plus convention­nel dans sa forme (on n’échappe pas aux entretiens figés sur fond neutre), il dégage la même impression de gâchis monumental, celui d’un talent fragile, sacrifié sur l’autel médiatique. Puis, à la faveur d’une révélation inattendue, énorme, qui a semblé prendre de court tout le monde (Macdonald n’en fait en tout cas pas le point d’ancrage de son film, c’est tout à son honneur), Whitney change subitement, et a posteriori, de dimension pour se muer en document sur les violences invisibles, qui éclaire d’un jour nouveau tout ce que l’on vient de voir. C’est bouleversa­nt.

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