Première

MA FILLE

Les débuts réussis derrière la caméra de Naidra Ayadi, portés par un bouleversa­nt Roschdy Zem.

- TC

En 1966, Denys de la Patellière portait à l’écran Le Voyage du père de Bernard Clavel. Fernandel y incarnait un paysan qui, se rendant à Lyon pour retrouver sa fille censée travailler comme coiffeuse, découvrait qu’elle lui avait menti. Un film cher au coeur de Thierry Ardisson qui – dans ses habits de producteur endossés en parallèle de son costume noir d’animateur télé – cherchait depuis longtemps à en développer une nouvelle adaptation. C’est chose faite avec, aux commandes, Naidra Ayadi (césarisée pour Polisse) qui, d’abord appelée pour en écrire le scénario, signe ici ses débuts derrière la caméra. Elle a choisi de transposer l’action à Paris au coeur d’une famille arabo-musulmane. De quoi moderniser sans la dénaturer cette histoire de transmissi­on et d’émancipati­on violente où il s’agit de construire son propre destin. On ne vous révèlera pas ce que le père et la petite soeur de cette jeune fille montée à la capitale découvriro­nt à propos de son parcours chaotique, même si Naidra Ayadi ne joue à aucun moment sur un quelconque suspense. L’essentiel n’est pas ce que va apprendre ce père, mais l’acceptatio­n forcément douloureus­e de cette vérité par celui qui voit vaciller toutes les bases de l’éducation inculquée à ses enfants. Ma fille avance à son rythme avec une force paisible qui donne de la densité à son apparent classicism­e. Cette force paisible que l’on retrouve dans la compositio­n tout en retenue et bouleversa­nte de Roschdy Zem. L’expression « tenir un film sur ses épaules » lui sied à merveille.

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Roschdy Zem et Natacha Krief

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