Première

OBSESSION

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Un premier point commun entre Alfonso Cuarón, Damien Chazelle, Jacques Audiard ou Xavier Dolan ? leurs prochains films seront présentés sur le Lido de Venise ou au TIFF de Toronto. Un second ? Ils étaient tous notés comme « les grands absents » du dernier Festival de Cannes. Un troisième ? Aucun d’entre eux n’a besoin d’un festival pour s’imposer comme l’un des événements majeurs de l’année cinéma. Venise et Toronto n’y sont pour rien. Mais l’inverse n’est pas vrai : pour exister, créer du buzz et (accessoire­ment ?) énerver le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, Venise et Toronto sont entièremen­t dépendants du profil des films qu’ils sélectionn­ent. Suivant cette logique, ils peuvent à peu près tout se permettre (accepter de banaliser Netflix ou de ne pas être trop regardants sur la qualité artistique), là où Cannes est en quelque sorte victime de sa position ultra-dominante : obligé de garantir la qualité des films et de se coltiner des considérat­ions de politique culturelle et corporatis­te. Précisémen­t parce que son aura et son caractère événementi­el restent bien plus grands que ceux des films qui y sont montrés. Autre exemple : Un peuple et

son roi, de Pierre Schoeller, débarque à la fin du mois en salles. Tout avait été pensé pour que ce gros film sur la Révolution française monte les marches. Jusqu’à ce que Thierry Frémaux le refuse et que toute la stratégie de sortie du film doive être repensée. Cannes n’avait pas besoin du film, c’est le film qui avait besoin de Cannes… Alors, Venise et Toronto peuvent être satisfaits d’avoir Dolan, Audiard ou Chazelle. Mais surtout pas s’en gargariser. C’est un rappel à une nécessaire modestie.

GAËL GOLHEN RÉDACTEUR EN CHEF

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