Je mobilise des personnalités en faveur des familles roms”
« J’habite à Paris, boulevard RichardLenoir. En 2012, j’ai vu de nombreuses familles roms arriver et s’installer là, sur des cartons. Certains enfants dorment dans la rue depuis deux ans maintenant, sous la pluie, sous la neige. J’ai commencé à les photographier parce que je ne pouvais pas faire autrement. Je n’idéalise pas les Roms, mais je vis là, devant eux. Je ne supporte pas qu’on laisse entrer des citoyens européens dans nos pays pour les abandonner aux rats et aux pigeons. Ces familles atterrissent souvent dans la rue quand les campements ont été démantelés. Ici, on ne s’occupe presque plus d’elles. Ce que je peux faire à mon niveau, c’est témoigner de leur sort pour pousser les autorités à faire quelque chose. Au début, j’ai eu du mal. Photographier des gens à l’aube, dans leur sommeil, c’est la vulnérabilité absolue. J’envoie régulièrement mes clichés à la mairie et à de nombreux journaux. Une grande partie d’entre eux n’en veut pas. On me met dans la case “emmerdeur” et je ne gagne pas ma vie avec ça. Quand je parle de ce que je fais dans des soirées, une fois sur deux, ça tourne au vinaigre. Le racisme est virulent. On ne veut pas trouver de solutions pour les “voleurs de poules”. Les gens s’installent aux terrasses des cafés, à côté des cartons. Cette impuissance, c’est terrible. J’ai commencé à mobiliser des anonymes et des personnalités du show-business pour une grande campagne d’affichage. Je leur demande de s’allonger sur un carton, dans une cabine téléphonique. J’espère trouver le financement nécessaire. S’il ne se passe rien après, j’arrêterai, je pense. Mais cela me serait insupportable d’avoir fait tout ça sans obtenir de résultat. »
1. Son site : marcmelki.com.