Psychologies (France)

Ma mère mobilise tout mon temps. Devrais-je la mettre à distance ?

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J’ai 21 ans et, depuis mon enfance, je m’occupe de ma mère. Elle s’invente chaque semaine une maladie, et je passe ma vie à la conduire à des consultati­ons où on lui dit qu’elle n’a rien. Cela perturbe mes études et je dois consulter un psy pour mon anxiété chronique. Je ne sais plus quoi faire. Élyane, Metz

Soigner son anxiété est certaineme­nt une bonne chose, Élyane. Mais cela n’a de sens que si l’on « soigne » aussi la vie qui cause cette anxiété. Or il est clair que les rapports que vous entretenez avec votre mère rendraient anxieux n’importe qui. Cette femme (qui répète sans doute ce qu’elle a elle-même vécu, mais ce n’est pas une excuse) semble faire partie de ces parents qui n’ont pas compris qu’avoir des enfants suppose qu’on les aide à construire leur vie ou que, au moins, on ne les empêche pas de le faire. Votre mère – et votre père, dont vous ne dites rien, mais qui la laisse faire – vous utilise depuis toujours. En prenant prétexte de deux choses : elle ne parle pas bien le français – ce dont on peut douter car elle est en France depuis plus de vingt ans. Et elle est… malade ! En réalité, elle a, dites-vous, deux maladies chroniques qui nécessiten­t des contrôles, mais sont très bien prises en charge. Elle fait par ailleurs le contraire de ce que lui recommande­nt les médecins – elle est en surpoids, etc. – et se trouve chaque jour

un nouveau symptôme qui, l’obligeant à consulter immédiatem­ent, vous oblige, vous, pour l’accompagne­r, à abandonner vos études. Cela ne peut plus durer. Les enfants, Élyane, ne doivent assistance à leurs parents que si ceux-ci ne peuvent plus le faire

eux-mêmes – votre mère est jeune et valide, ce n’est pas son cas. Et il ne s’agit, en aucun cas, de les aider à faire n’importe quoi. Expliquez à votre mère que vous ne l’accompagne­rez plus qu’à ses contrôles, qui sont prévus à l’avance. Et que, pour le reste, elle devra se débrouille­r seule. À moins qu’elle ne souhaite que vous l’accompagni­ez pour une consultati­on en psychiatri­e – dont relèvent les maladies imaginaire­s. Lui poser cette limite est nécessaire pour vous, et indispensa­ble, aussi, pour elle. Lui permettre de continuer à confondre ainsi son imaginatio­n et la réalité n’est en effet pas un service à lui rendre.

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